1-
N'y a-t-il que du plaisir, dans l'écriture, ou t'est-il déjà
arrivé de ressentir une certaine forme de douleur, de
souffrance, dans cet exercice ?
N’éprouver
que du plaisir rendrait l’exercice beaucoup plus simple pour moi,
mais l’écriture implique certaines souffrances pour ma part. Le
doute qui m’envahit lorsque je rédige mes histoires est synonyme
d’une certaine difficulté qui m’oblige à me remettre en
question en permanence.
2- Qu'est-ce qui
te pousse à écrire, finalement ?
Dans un premier
temps, le trop-plein d’idées. Mon cerveau frôlait parfois
l’overdose en matière de stockage. Dans un deuxième temps, le
besoin de partager. J’adore communiquer avec les gens.
3- Comme on le
constate aujourd'hui, tout le monde écrit ou veut s'y mettre.
Sportifs, stars du show-biz, présentateurs télé, journalistes,
politiques, l'épicier, ta voisine... de plus, des sites proposant
des services d'auto-édition pullulent sur le net. Ça t'inspire
quoi ?
Chacun d’entre
nous a une histoire à raconter et l’écriture a le pouvoir de
donner la parole à tous ce qui le souhaite. Ça ne me dérange pas
plus que ça à partir du moment où tout le monde y trouve son
compte, le lecteur y compris.
4- Le numérique,
le support d'internet, les liseuses, les ebooks, les réseaux
sociaux, sont une révolution pour les auteurs et bousculent
également le monde de l'édition. Que penses-tu de ce changement ?
Au vu de la place
que tiennent les technologies numériques dans notre vie, c’est une
évolution à laquelle le livre ne pouvait pas échapper. Chacun doit
y trouver sa place, mais il est certain que le papier ne sera pas
remplacé si vite que ça ...
5- Il semble que
de plus en plus, les auteurs prennent en charge leur communication,
font leur publicité, créent leurs propres réseaux, prolongeant
ainsi le travail de l'éditeur de façon significative. Te sers-tu
toi aussi de ce moyen pour communiquer sur ton travail, annoncer ton
actualité, discuter avec tes lecteurs ou d'autres auteurs et ainsi,
faire vivre tes livres plus longtemps ?
J’en ai profité
un maximum au début de ma carrière, mais au fil du temps, je tends
à m’éloigner un peu. Je communique toujours, mais de façon moins
régulière, car ce type de communication est aussi très
chronophage, et le temps est ce qui me manque le plus à l’heure
actuelle. J’essaie donc d’équilibrer mon utilisation des réseaux
pour me consacrer plus à l’équilibre et à ma vie dans le réel.
6- On dit qu'en
25 ans, le nombre de livres publiés a été multiplié par deux,
leur tirage ayant baissé de moitié pendant cette même période.
Comment sortir le bout de sa plume de cette masse de publications ?
Être visible ? N'est-ce pas décourageant pour les jeunes
auteurs ? Que leur dirais-tu ?
Ne jamais en
faire des tonnes pour être visible, du moins c’est comme ça que
je le vois. Essayer de s’entourer de personnes déjà dans le
milieu, savoir écouter les conseils de ceux qui ont pratiqué. Ne
jamais se décourager, la route est longue et il faut toujours y
croire. Ça reste bateau comme conseils, mais c’est le plus
efficace.
7- Les relations
entre un éditeur, ou un directeur de collection, et un auteur,
pourraient faire l'objet d'une psychanalyse, me disait un écrivain,
récemment. Qu'en penses-tu ? Comment analyserais-tu cette
relation que tu entretiens avec eux.
Une
psychanalyse ? Ce n’est pas déjà le cas ? Je suis un
petit auteur angoissé et j’ai besoin de quelqu’un qui puisse
m’apporter des réponses sur mes interrogations, quelqu’un qui ne
m’abandonne pas dans un coin lorsque l’aventure commence,
quelqu’un avec qui je puisse communiquer mes idées et mes
impressions, en bref mon ressenti.
8-
J'ai pensé longtemps, et ma bibliothèque s'en ressentait, que le
noir, le polar, était une affaire de mecs. Les coups durs, la débine
et la débauche, les gangsters, la baston, les armes, les crimes et
la violence en général… une histoire de bonshommes. Aujourd'hui,
les femmes sont de plus en plus présentes dans l'univers du polar.
Grâce au Trophée, j'ai pu me rendre compte qu'il y avait de
nombreux auteurs femmes dans ce genre. Ce n'était pas le cas il y a
quelques décennies.
Quelles
réflexions cela t'inspire-t-il ? À quoi cela est-il dû, selon
toi ? En lis-tu et, si oui, Lesquelles ?
La
famille polar s’agrandit de nouvelles auteures tous les ans, pour
le plaisir des lecteurs, car les femmes apportent une touche
particulière à cet univers. L’écriture féminine se reconnaît
par son grand sens du style, des mots, sa lame insidieuse et
tranchante. Les femmes ne font pas dans la dentelle. Ma bibliothèque
est comme la tienne, elle est équipée de jolis noms féminins (Maud
Mayeras, Barbara Abel, Claire Favan…) de la littérature du polar.
9- Pourquoi as-tu
accepté de participer à ce Trophée ?
Le concept de
lecture anonyme m’a particulièrement plu et aussi parce que je
suis une femme de défi…
LES
QUESTIONS DE MADAME LOULOUTE
1- Vie
professionnelle, vie de famille, salons et dédicaces, à l'écriture
reste-t-il une place ?
Tout est organisé
pour permettre à l’écriture de s’épanouir le plus
régulièrement possible. Vaut mieux sinon je deviens vite imbuvable…
2- A-t-on encore
les idées claires, quand tous nos héros broient du noir ?
Qui influence
qui ? L’auteur ou le personnage ? Est-ce mes coups de
blues qui font broyer du noir à mes héros ou inversement ? En
fait, je n’ai pas de réponse, car je pense que les deux sont
indissociables.
3- La rentrée
littéraire approche. Un livre, ça va, 560, où est-ce qu'on va ?
A la
bibliothèque ? Je trouve cette rentrée de plus en plus
monstrueuse. Je ne m’y intéresse même plus. Trop de livres tue
l’envie.
4- Le dicton du
jour : À la saint Grégoire, sort un livre de ton placard. Je
t'écoute.
Comme Grégoire
m’a plutôt l’air sympa, je vais sortir Tout est sous contrôle
de Sophie Henrionnet.
5- Boire ou
écrire, faut-il choisir ?
Écrire, ça va
de soi, même si parfois ça fait tout autant mal à la tête…
6- La littérature
est le sel de la vie. Passe-moi le poivre.
Et toutes les
épices de la vie, parce qu’elle est mouvementée et je ne m’ennuie
jamais.
7- Lire aide à
vivre. Et écrire ?
Écrire aide à
comprendre, aide faire comprendre. Écrire, c’est faire passer un
message.
8- Une anecdote à
nous narrer, sur un salon, lors d'une dédicace, d'une table ronde,
un événement touchant, drôle, étrange… ?
Toute mon
aventure littéraire est bourrée d’anecdotes, mais tout cela reste
dans mon jardin secret.
Nous te
remercions d'avoir répondu à nos questions et d'être présent(e)
avec nous, pour cette troisième édition du Trophée Anonym'us.
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