LES
QUESTIONS DU BOSS
1-
N'y a-t-il que du plaisir, dans l'écriture,
ou t'est-il déjà
arrivé
de
ressentir une certaine forme de douleur, de souffrance, dans cet
exercice ?
Il
y a en priorité du plaisir, sinon il faut vite prendre rendez-vous
chez le médecin ! Mais parfois oui, il y a de la douleur. Qui peut
provenir de différentes choses : un texte qui ne correspond pas sur
le papier à ce qu’on a dans la tête. Ou un texte qui sort de tes
tripes et que tu as besoin de coucher sur le papier. là, ça peut
être pire qu’un accouchement.
2-
Qu'est-ce qui te pousse à écrire, finalement ?
Le
besoin de raconter des histoires. De m’immerger moi-aussi dans
autre chose que mon quotidien. de m’inventer une autre vie en
l’écrivant.
3-
Comme on le constate aujourd'hui, tout le monde écrit
ou veut s'y mettre. Sportifs, stars du show biz, présentateurs
télé,
journalistes, politiques, l'épicier,
ta voisine... de plus, des sites proposant des services
d'auto-édition
pullulent sur le net. Ça
t'inspire quoi ?
ça
prouve que la littérature n’est pas morte ! (Bien que dans
certains cas, certains l’assassinent en voulant écrire, mais c’est
un autre sujet). Mais je déplore aussi cet « amas » de
textes qui envahit les rayons (des libraires ou du net). Le lecteur
est noyé sous des centaines de sorties chaque mois et il est de plus
en plus dur de trouver des productions originales et il devient
compliqué aussi pour l’auteur de se démarquer ou tout simplement
se faire connaître. C’est à double tranchant.
4-
Le numérique,
le support d'internet, les liseuses, les ebook, les réseaux
sociaux, sont une révolution
pour les auteurs et bousculent également
le monde de l'édition.
Que penses-tu de ce changement ?
Révolution
! Même si je reste très attachée au papier, je trouve que cette
diversité est top ! Le numérique ne touche pas le même public que
le papier (l’inverse est vrai aussi), on peut mettre plein de
livres dans la liseuse quand on part en vacances (ce qui laisse de la
place pour les maillots de bains…) et grâce au numérique, les
gens qui ont des problèmes de vues ont un accès facilité. Ce qui
n’est pas possible avec le papier. Sans parler de tous ces contenus
enrichis qui font de la lecture numérique autre chose, plus ludique.
J’achète !
5-
Il semble que de plus en plus, les auteurs prennent en charge leur
communication, font leur publicité,
créent
leurs propres réseaux,
prolongeant ainsi le travail de l'éditeur
de façon
significative.Te sers tu toi aussi de ce moyen pour communiquer sur
ton travail, annoncer ton actualité,
discuter avec tes lecteurs ou d'autres auteurs et ainsi, faire vivre
tes livres plus longtemps ?
Absolument.
Je suis une facebook-addict et cela m’a permis de me faire
connaître, de discuter avec des lecteurs et même de connaître
certains de mes éditeurs. Les réseaux sociaux, c’est le bien !
6-
On dit qu'en 25 ans, le nombre de livres publiés
a été multiplié par
deux, leur tirage ayant baissé
de
moitié
pendant
cette même
période.
Comment sortir le bout de sa plume de cette masse de publications ?
Être
visible ?
N'est-ce pas décourageant
pour les jeunes auteurs ?
Que leur dirais-tu ?
J’ai
anticipé un peu cette réponse plus haut. Et comme je le disais, il
est dur de se faire connaître dans la masse d’auteurs présents.
mais c’est le jeu ! Et ça permet aussi de se dépasser, de trouver
de nouvelles techniques d’écritures pour se démarquer. C’est un
peu un challenge qui n’est pas que désagréable.
7-
Les relations entre un éditeur,
ou un directeur de collection, et un auteur, pourraient faire l'objet
d'une psychanalyse, me disait un écrivain,
récemment.
Qu'en penses-tu ?
Comment analyserais-tu cette relation que tu entretiens avec eux.
C’est
un peu sado-maso ! On les aime et on les déteste en même temps ! En
tant qu’auteur, j’ai un besoin viscéral de l’oeil de mon
éditeur sur mon travail. Il a le recul que je n’ai pas. Et quand
parfois, il touche là où ça fait mal, j’ai envie de le coller au
mur en lui hurlant dessus. Mais je l’aime quand même !
8-
J'ai pensé
longtemps,
et ma bibliothèque s'en ressentait, que le noir, le polar, était
une affaire de mecs. Les coups durs, la débine
et la débauche,
les gangsters, la baston, les armes, les crimes et la violence en
général…
une
histoire de bonshommes. Aujourd'hui, les femmes sont de plus en plus
présentes
dans l'univers du polar. Grâce
au Trophée,
j'ai pu me rendre compte qu'il y avait de nombreux auteurs femmes
dans ce genre. Ce n'était
pas le cas il y a quelques décennies.
Quelles
réflexions
cela t'inspire-t-il ?
À
quoi
cela est il dû,
selon toi ?
En lis-tu et, si oui, Lesquelles ?
La
société a changé. Les femmes s’émancipent aussi bien dans leur
vie que dans leur corps ou leurs pensées. Elles osent. Et avec brio
!
Parfois, elles osent même plus que leurs homologues masculins. je ne saurais dire pourquoi, mais j’aime ça. Nous ne sommes pas des petites choses fragiles (bien que par moment, ce statut de sexe faible me plaise beaucoup !) et ça se ressent dans nos textes. Pourvu que ça dure !
Parfois, elles osent même plus que leurs homologues masculins. je ne saurais dire pourquoi, mais j’aime ça. Nous ne sommes pas des petites choses fragiles (bien que par moment, ce statut de sexe faible me plaise beaucoup !) et ça se ressent dans nos textes. Pourvu que ça dure !
9-
Pourquoi as-tu accepté
de
participer à
ce
Trophée ?
Parce
que je trouve le système de l’anonymat complet séduisant. il n’y
a pas d’a priori, personne ne sait (à part Dieu !) qui a écrit
quoi. Cela pimente un peu les choses. Et surtout cela permet aux
petits jeunes dans le métier de se frotter à de grandes pointures.
Sans avoir peur de la comparaison. Et ça, c’est intéressant !
LES
QUESTIONS DE MADAME LOULOUTE
1-
Vie professionnelle, vie de famille, salons et dédicaces,
à
l'écriture
reste-t-il une place ?
Toujours.
C’est viscéral. Pas toujours très simple de tout gérer, c’est
parfois du jonglage de haut niveau, mais c’est vital.
2-
A-t-on encore les idées
claires, quand tous nos héros
broient du noir ?
Pas
toujours. Certains textes nous atteignent plus profondément quand on
les écrit. Et c’est en général ceux qui remuent le plus l’auteur
qui sont les meilleurs.
3-
La rentrée
littéraire
approche. Un livre, ça
va, 560, où
est-ce
qu'on va ?
Dans
le mur ! mais on va dire qu’il en faut pour tous les goûts… Mais
qui va lire tout ça ? Il nous faudrait cent vies !
4-
Le dicton du jour :
À
la saint Grégoire,
sort un livre de ton placard. Je t’écoute.
La
cicatrice de Bruce Lowery. Mon premier livre de « grand »,
lu à 13 ans. Et relu mille fois depuis.
5-
Boire ou écrire,
faut-il choisir ?
Tu es sûre qu’on est obligé de choisir ?
Si
on invite modération, les deux sont compatibles, non ?
6-
La littérature
est le sel de la vie. Passe moi le poivre.
L’humour.
La déconne. Ne jamais se prendre au sérieux. sinon, on meurt.
7-
Lire aide à
vivre. Et écrire ?
Ecrire
aide à faire vivre. Faire vivre des histoires différentes. réponse
pas très originale, je sais. je ferai mieux la prochaine fois !
8-
Une anecdote à nous narrer, sur un salon, lors d'une dédicace,
d'une table ronde, un événement
touchant, drôle,
étrange… ?
Lors
d’une dédicace, un homme est passé devant moi, les yeux rivés
sur la couverture de mon livre (un peu sanglante, je l’admets).
regard à la couverture, regard sur moi. Il part, revient. Même
manège. Repart, reviens. s’arrête et me regarde fixement en
pointant du doigt le bouquin et me dit :
— C’est
vous qui écrivez ça ?
J’ai
dû bafouiller un oui.
— Ben
vous ne le portez pas sur vous.
Et
il est parti. Je ne sais toujours pas comment je dois le prendre !
Nous
te remercions d'avoir répondu
à
nos questions et d'être
présent(e)
avec nous, pour cette troisième
édition
du Trophée
Anonym'us.
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