
Aujourd’hui
l’interview de Salvatore
Minni
1.
Certains auteurs du noir et du Polar ont parfois des comportements
borderline en salon. Faites-vous partie de ceux qui endossent le rôle
de leurs héros ou protagonistes pendant l'écriture, histoire d'être
le plus réaliste possible ?
Bande
de psychopathes !
Lors
de salons ou séance de dédicaces en librairie, la remarque que me
font de nombreux lecteurs que je rencontre est « C’est fou, vous
êtes aussi lumineux que votre roman est sombre! » J’en déduis
que, en dehors de l’écriture, c’est mon vrai « moi » qui
s’impose. Par contre, comme la plupart des auteurs de thrillers,
c’est le côté le plus sombre de ma personnalité qui s’exprime
lorsque je tape sur mon clavier...
2.
Douglas Adams est promoteur de 42 comme réponse à la vie, l’univers
et le reste. Et vous quelle est votre réponse définitive ?
Les
nombres ne me parlent pas, je l’avoue. J’y suis plutôt
allergique. À mon sens, tout est lié, rien n’arrive par hasard.
Nous sommes entourés d’ondes que nous ne voyons pas. Ces ondes
seront positives ou négatives en fonction de notre état d’esprit.
Je suis convaincu qu’une personne positive attirera bonheur, chance
et succès. A contrario, une personne négative attirera malheur,
maladie et tristesse. Si un malheur nous tombe sur la tête, la
question à se poser est «Que puis-je en retirer? Que tente de
m’apprendre la vie? » Je suis convaincu que chaque difficulté
rencontrée au cours de notre vie a un sens, une finalité, à chacun
d’entre nous de s’arrêter un instant et de réfléchir à la
question. Résumer l’univers qui nous entoure à un nombre me
semble bien trop réducteur. Le sujet est vaste et je pourrais en
parler des heures...
3.
Y a-t-il un personnage que vous avez découvert au cours de votre
vie de lecteur et avec lequel vous auriez aimé passer une soirée ?
Zeus-Peter
Lama (« Lorsque j’étais une oeuvre d’art » d’EE Schmitt),
artiste complètement fou qui transforme des humains en oeuvres
d’art.
J’aimerais
beaucoup discuter avec lui pour comprendre. Comprendre sa folie, son
besoin de détruire l’autre, finalement.
4.
Si tu devais avoir un super pouvoir ce serait lequel et pourquoi?
Le
pouvoir de l’immortalité. Pas forcément pour moi, mais pour ceux
que j’aime. Je voudrais qu’ils soient auprès de moi pour
toujours!
5.
Est-ce que tu continuerais à écrire si tu n'avais plus aucun
lecteur ? (même pas ta mère)
Malheureusement,
dans tous les cas, ma mère ne peut plus me lire… Partie rejoindre
les étoiles beaucoup trop tôt…
Mais
je continuerais à écrire, oui. Est-ce que vous pourriez arrêter de
boire ou manger?
6.
Quel a été l'élément déclencheur de ton désir d'écrire ?
Est-ce un lieu, une personne, un événement ou autre ?
L’envie,
le besoin ont toujours été là, enfouis. Puis, j’ai rencontré
une professeure de littérature française qui m’a donné le
courage de le faire. Tout est source d’inspiration: mon vécu,
celui de mes proches, une conversation dans le métro, la perte d’un
être cher, une oeuvre qui m'a particulièrement touché.
7.
Est-ce que le carmin du sang de ses propres cicatrices déteint
toujours un peu dans l'encre bleue de l'écriture ?
Inévitablement,
oui! Même si ces cicatrices sont exacerbées pour les besoins d’un
récit sombre, il y a toujours une part de moi, un trait de
caractère, un événement vécu. Encore une fois, le tout est
évidemment exagéré et tourné en thriller.
8.
Penses tu qu'autant de livres seraient publiés si la signature était
interdite ? Et toi, si comme pour le trophée Anonym'us, il fallait
publier des livres sous couvert d'anonymat, en écrirais-tu ?
Dans
la mesure où je n’écris pas pour être célèbre, oui je
continuerais même sous le couvert de l’anonymat. Ce qui compte
pour moi, ce sont mes écrits. Ce sont eux les célébrités, eux que
je veux mettre en avant, pas mon nom ou mon visage. Bien entendu,
lorsqu’on décide de publier à son nom, si le bouquin se vend
bien, l’auteur finit par être (re)connu...
9.
Pourquoi avoir choisi le noir dans un monde déjà pas rose ?
Il
ne s’agit pas d’un choix. Je ne me suis pas installé face à mon
écran en me disant « bon, écris une histoire qui fait frissonner »
C’est en écrivant que je me suis rendu compte que ce que
j’écrivais prenait toujours la même tournure: le thriller.
10.
Quelles sont pour toi les conditions optimales pour écrire ?
Mon
bureau, une tasse de thé vert, une musique de fond (en fonction de
mon humeur) et parfois, de l’encens. Cela semble un peu mystique,
mais vous avez demandé les conditions « optimales » ;-) Il
m’arrive parfois d’écrire dans mon salon, macbook sur les genoux
ou dans mon jardin, agréable, mais pas optimal à mes yeux.
11.
si vous deviez être ami avec un personnage de roman, lequel
serait-ce?
Sans
hésitation Dorian Gray. Personnage ô combien fascinant, tout en
contradiction. Un homme dont l’intérieur est aussi laid que son
apparence est envoûtante.
12.
Quel est ton taux de déchet (nombre de mots finalement gardés /
nombre de mots écrits au total ) ? Si tu pouvais avoir accès aux
brouillons/travaux préparatoires d’une œuvre, laquelle serait-ce
?
Le
taux de déchets est dérisoire. Je préfère retravailler un passage
plutôt que de l’effacer, car si je l’ai écrit à un moment
donné, c’est qu’il a sa place dans mon récit. Si je pouvais
avoir accès aux brouillons d’une oeuvre, ce serait « Acide
sulfurique » d’Amélie Nothomb.
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