mercredi 7 novembre 2018

L'interview de la semaine : Simon François




Cette année, ce sont les auteurs eux-mêmes qui ont concocté les questions de l’interview, celles qui leur trottent dans la tête, celles qu’on ne leur pose jamais, ou tout simplement celles qu’ils aimeraient poser aux autres auteurs.

Aujourd’hui l’interview de Simon François

1. Certains auteurs du noir et du Polar ont parfois des comportements borderline en salon. Faites-vous partie de ceux qui endossent le rôle de leurs héros ou protagonistes pendant l'écriture, histoire d'être le plus réaliste possible ?
Bande de psychopathes !
Je n’ai jamais eu l’occasion de participer à un salon en tant qu’auteur, mais je ne pense pas que ça me ferait péter les plombs ! Enfin, j’espère...
Pour ce qui est de mes personnages, je me glisse dans leur tête uniquement quand j’écris les dialogues. Quant au reste, leurs histoires personnelles, leurs façons de se mouvoir ou d’agir, je me contente de les regarder vivre. Je les mets dans le décor que j’ai créé, les observe en train d’interagir avec. Quand tout ça m’apparaît clairement, j’écris la scène.
2. Douglas Adams est promoteur de 42 comme réponse à la vie, l’univers et le reste. Et vous quelle est votre réponse définitive ?
Mon ordinateur portable me souffle le chiffre 23. Mais bon, pour ce que j’accorde comme crédit aux machines.
3. Y a-t-il un personnage que vous avez découvert au cours de votre vie de lecteur et avec lequel vous auriez aimé passer une soirée ?
Il y en a beaucoup ! Je rêverais d’aller pêcher la truite avec le vieux Sunderson, de Jim Harrison, ou encore de parler psychanalyse avec Alexander Portnoy. Mais puisqu’on parle de Noir, j’irais volontiers boire une Suze avec Burma, à la terrasse d’un café du IIème. Quelle classe, ce type. Même si je l’ai découvert sous les traits de Guy Marchand, quand j’étais en primaire.
4. Si tu devais avoir un super pouvoir ce serait lequel et pourquoi?
Me transformer en super sayan. Pour les cheveux jaunes qui brillent, pour voler comme un avion et exploser des planètes.
5. Est-ce que tu continuerais à écrire si tu n'avais plus aucun lecteur ? (même pas ta mère)
Le lecteur est indissociable du livre. Pour moi, il le complète par l’investissement personnel qu’il engage dans sa lecture. D’une manière où d’une autre, je pense à lui quand j’écris, même si ce lui est, dans un premier temps, mon moi lecteur. Très clair, n’est-ce pas ? Bon, la réponse est non !
6. Quel a été l'élément déclencheur de ton désir d'écrire ? Est-ce un lieu, une personne, un événement ou autre ?
J’ai commencé à écrire des histoires quand j’étais tout gamin. Des chansons, aussi. Mais la première envie d’écrire de la littérature, une nouvelle en l’occurrence, je la dois à la ville de Meknès, au Maroc. Son atmosphère, sa musique, son aura. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est là-bas que j’ai eu le déclic.
7. Est-ce que le carmin du sang de ses propres cicatrices déteint toujours un peu dans l'encre bleue de l'écriture ?
Absolument. Le sang se mélange à l’encre d’une manière ou d’une autre. Mais j’évite, dans la mesure du possible, que mon bouquin ait une gueule de transfusion.
8. Penses tu qu'autant de livres seraient publiés si la signature était interdite ? Et toi, si comme pour le trophée Anonym'us, il fallait publier des livres sous couvert d'anonymat, en écrirais-tu ?
Je ne pense pas que l’anonymat favoriserait la création littéraire. Loin de là. Beaucoup trop d’ego en jeu. Par contre, je pourrais tout à fait publier sous un pseudonyme. Je trouve ça assez cool d’être lu de façon anonyme, tout en étant seul à connaître la vérité. Après, je mettrais sûrement dans la confidence une ou deux personnes de mon entourage proche. Pour me flatter un peu, quand même.
9. Pourquoi avoir choisi le noir dans un monde déjà pas rose ?
Je suis passionné du roman noir, du film noir aussi, depuis tout gosse. Je pense que tout ça est directement lié à mon histoire personnelle. J’ai toujours vu le monde avec les lunettes du They Live de John Carpenter. ça ne m’empêche pas pour autant de lire beaucoup d’autres genres, mais quand il s’agit d’écrire, je m'oriente naturellement dans cette voie.
10. Quelles sont pour toi les conditions optimales pour écrire ?
Du café, du temps et du calme. L’inspiration, éventuellement !
11. si vous deviez être ami avec un personnage de roman, lequel serait-ce?
Le protagoniste des livres de Dany Laferrière. La plupart de ses romans sont très autobiographiques, alors je me dis que quand je serai nommé académicien, j’aimerais bien être assis à côté de lui ! Plus sérieusement, je trouve son personnage vraiment touchant, et certains de ses livres m'ont beaucoup apportés en tant qu'écrivain, je crois.
12. Quel est ton taux de déchet (nombre de mots finalement gardés / nombre de mots écrits au total ) ? Si tu pouvais avoir accès aux brouillons/travaux préparatoires d’une œuvre, laquelle serait-ce ?
Je n’ai aucune idée de mon taux de déchets, mais j’imagine qu’il est assez élevé. Sur mon premier roman, j’ai passé beaucoup de temps à corriger, enlever, remplacer. Je suis incapable de quantifier tout ça.
Pour ce qui est des brouillons, travaux préparatoires, je serais super intéressé de voir ce que ça peut représenter sur une fresque historique, genre Guerre et Paix. J'ai déjà lu des articles sur ce sujet, ça me parait inconcevable de traiter et ordonner une telle montagne d'informations en y ajoutant de la fiction.
Sinon j’aime beaucoup aussi la narrative non-fiction, le travail d’auteurs comme Adrien Bosc. Je serais assez curieux de me faire une idée, en termes de recherches, du boulot que représentent des œuvres comme les siennes.

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