L’écriture est
venue à moi par pur hasard et, lorsque mon premier roman a été finalisé et que
j’ai pu tenir cet objet inconcevable entre mes mains, la sensation fut très
étrange. J’étais fier d’avoir été au bout de ce défi et pourtant, j’étais
encore empli de doutes. Je n’avais à l’époque aucune connaissance des rouages
du milieu de l’édition. Naïvement, j’ai donc envoyé mes manuscrits à plusieurs
maisons d’édition, en espérant des réponses, même négatives. Les refus, par de
simples lettres-type, ont été difficiles à encaisser je l’avoue mais tout cela
a été extrêmement formateur. Cela m’a permis de me remettre en question, de
revoir ma copie, d’apprendre.
Aujourd’hui, je
suis persuadé qu’un premier manuscrit envoyé par courrier, noyé parmi les
centaines reçus quotidiennement, n’a que très peu de chances d’être édité. Pour sortir son épingle du jeu, un auteur
doit faire ses preuves et surtout travailler, régulièrement et sur la durée.
2. Ecrire… Quelles sont vos exigences vis à
vis de votre écriture ?
Surprendre,
toujours. Surprendre les lecteurs qui me découvrent comme ceux qui m’ont déjà lu.
Au-delà de cela, le plus important est de susciter des émotions. De parvenir à
emmener le lecteur dans notre univers, le faire voyager. Lorsque j’écris,
j’essaye de faire en sorte que mes textes suivent le rythme que je souhaite,
comme de la musique. J’avoue être très exigent : je me relis plusieurs fois, je
fais appel à des bêta-lectrices tout au long de l’écriture, entre autres. Mais
je reste un éternel insatisfait, à mon grand dam.
3. Ecrire… Avec ou sans péridurale ?
Sans péridurale,
un accouchement dans la douleur. Lorsque l’on met au monde un roman, la
souffrance est également présente. Des mots difficiles à coucher sur papier,
des pages qui nous font mal, une critique qui nous heurte. Je crois que c’est
ce qui permet à un texte d’être sincère, abouti et de toucher les lecteurs.
Quand l’auteur s’est donné corps et âme et a livré une partie de lui-même. Sans
anesthésiant, pour ressentir chaque sensation.
4. Ecrire… Des rituels, des petites manies
?
L’écriture, je
le crois, est quelque chose de très solitaire. Pour ma part, j’ai besoin de me
créer une bulle dans laquelle je m’isole. La plupart du temps, je me sers de
musique : écouteurs sur les oreilles, son assez fort pour ne pas entendre
les bruits extérieurs. Une playlist où se côtoient Imagine Dragons, Yann
Thiersen ou même du classique et des covers version piano. L’essentiel est que
cette musique me permette de m’évader.
5. Ecrire… Nouvelles, romans, deux facettes
d’un même art. Qu’est ce qui vous plait dans chacune d’elles ?
Deux processus d’écriture
radicalement opposés mais tout aussi plaisant. Pour un roman, on peut prendre
son temps. Poser l’intrigue, développer les psychologies, mettre en place
chaque élément comme un puzzle. Il est grisant de voir son roman évoluer, au
gré des idées, et prendre une toute autre tournure au fil des mois. Une
nouvelle au contraire, doit, dès les premières phrases, accrocher le lecteur et
aller à l’essentiel. Avec suffisamment de profondeur et une fin à la hauteur,
le tout en une dizaine de pages. Un défi tout aussi attractif pour un auteur.
6. Votre premier lecteur ?
Mon épouse. Ma
première critique également, celle que je cherche avant tout à convaincre.
Chaque texte doit passer par son jugement intransigeant et pertinent, avant de
pouvoir être lu par d’autres. Quand on sait qu’elle n’est pas une fervente
lectrice, le challenge n’en est que plus grand.
7.
Lire… Peut-on écrire sans lire ?
L’imagination a
besoin d’être nourrie constamment d’histoires. Films, séries, romans,
nouvelles, jeux vidéo, etc…Peu importe le support, tout récit permet
d’alimenter notre imagination en carburant. La susciter, l’entretenir, cultiver
cette envie constante de se laisser porter ailleurs par des mots. Lire n’est
pas forcément essentiel pour écrire. S’abreuver d’histoires, oui.
8.
Lire… Votre (vos) muse(s) littéraire(s) ?
Je cite très
souvent Maxime Chattam et Jean-Christophe Grangé. Pour leur audace, leur style
accrocheur et accessible, pour cette imagination sans limites et surtout sans
barrières. Ces auteurs-là, en plus de leur talent indéniable, ont souvent des
mots très justes sur le travail d’auteur. Stephen King, Dan Brown ou encore
Guillaume Musso, Franck Thilliez font également partie des auteurs que j’admire
énormément.
9. Soudain, plus d’inspiration, d’envie d’écrire
! Y pensez-vous ? Ça vous est arrivé ! Ça vous inquiète ? Que feriez-vous ?
Je crois que les
personnes créatives, celles qui façonnent quelque chose, sont invariablement
sujets aux montagnes russes émotionnelles. A plusieurs fois, l’envie d’écrire s’est
affaiblie, jusqu’à parfois s’évanouir presque. Par manque de confiance, à cause
de trop nombreux doutes. J’ai la chance d’être entouré de personnes qui croient
en moi plus que je n’y crois moi-même. Ma femme la première mais également un
cercle d’auteurs qui savent me rassurer et me rebooster. Heureusement pour moi,
l’inspiration, elle, ne m’a jamais quittée.
10. Pourquoi avoir accepté de participer au
Trophée Anonym'us ?
J’ai suivi le
trophée l’année dernière, avec beaucoup d’intérêt. Le Trophée Anonym’us permet
aux auteurs d’être jugé sur leurs textes, à l’aveugle, sans distinction, et de
se confronter à de grands noms. Autrement dit, c’est à nous de faire nos
preuves, de montrer ce dont on est capables. Un véritable défi que tout auteur
voudrait pouvoir relever. Chacun a sa chance, je le crois. Et il faut avouer
que l’exercice est très excitant.
11. Voyez-vous un lien entre la noirceur,
la violence de nos sociétés et du monde en général, et le goût, toujours plus
prononcé des lecteurs pour le polar, ce genre littéraire étant en tête des
ventes?
Le fait que ce
genre soit ancré dans notre réalité renforce son pouvoir sur les lecteurs. On
visualise les lieux et les scènes, on s’identifie aux personnages, on imagine
ce qu’ils peuvent ressentir, émotionnellement et physiquement. Les lecteurs ont
envie d’émotions fortes, d’être bousculés, choqués, émus. Le polar/thriller a
toujours été le genre idéal pour cela. Je crois plutôt que les polars nous
permettent d’ouvrir les yeux sur la violence de notre monde et, en quelque
sorte, d’exorciser nos peurs.
12. Vos projets, votre actualité littéraire
?
Depuis presque
un an, je travaille sur un projet de recueil de nouvelles regroupant des
auteurs aux parcours tous différents. Ce recueil, intitulé Phobia, verra le
jour en mars 2018. Parallèlement, je travaille sur mon second roman, la suite
directe de Psyché.
13.
Le (s) mot(s) de la fin ?
Le meilleur est
à venir.
Interview réalisé en collaboration avec le blog Lila sur sa terrasse
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