
Aujourd’hui
l’interview de Nick Gardel !
1. Certains auteurs du noir et du Polar ont parfois des comportements borderline en salon. Faites-vous partie de ceux qui endossent le rôle de leurs héros ou protagonistes pendant l'écriture, histoire d'être le plus réaliste possible ?
Bande
de psychopathes !
Pour
ma part, ma psychopathologie est plus en amont. Mes personnages sont
une grande part de moi. J’aime le son de l’os qui craque, j’aime
l’orteil sur la table basse, j’aime la porte de placard.
2.
Douglas Adams est promoteur de 42 comme réponse à la vie, l’univers
et le reste. Et vous quelle est votre réponse définitive ?
42
est plus qu’une réponse, c’est un mode de vie. Dans « La
vie, l’amour, les vaches » (qui déjà est un titre ultime),
un personnage utilise la phrase la plus aboutie de la création pour
clore une dispute.
« Je
te hais, je te hais, je te hais tellement. Si la haine était un
peuple, je serais la Chine ! »
3.
Y a-t-il un personnage que vous avez découvert au cours de votre
vie de lecteur et avec lequel vous auriez aimé passer une soirée ?
Sans
aucune hésitation Arsène Lupin. Juste pour qu’il me confirme
qu’il déteste ce bouffon sautillant à fausse barbe que fut
Georges Descrières.
4.
Si tu devais avoir un super pouvoir ce serait lequel et pourquoi?
A
chaque fois que j’imagine un super pouvoir, je pense surtout aux
défauts qui l’accompagnent. Trouver les points d’intérêt
scénaristiques. Comme cette blague du type dans le désert qui veut
être blanc, avoir de l’eau et voir des culs et se retrouve en
cuvette de chiotte. C’est le principe même des nouvelles du
recueil « AZAZEL » d’Isaac Asimov. J’adore. Je me
souviens d’un exercice de physique qui nous demandait de calculer
la distance d’arrêt que mettrait Superman, pied au sol, pour
stopper un camion lancé à pleine vitesse. C’était 27 kms si je
me souviens bien.
5.
Est-ce que tu continuerais à écrire si tu n'avais plus aucun
lecteur ? (même pas ta mère)
Réponse
facile. Je n’ai déjà aucun lecteur. L’acte d’écrire est
totalement déconnecté du lecteur. C’est un acte solitaire sans
être masturbatoire. Je raconte un truc du mieux que je peux. Je joue
avec les mots pour me faire marrer ou pour me dire que je suis un
être humain pas trop dégueu. Si des lecteurs adhèrent c’est un
bonus, mais absolument pas un initiateur.
6.
Quel a été l'élément déclencheur de ton désir d'écrire ?
Est-ce un lieu, une personne, un événement ou autre ?
Une
phrase qui me trottait en tête. Plutôt le début d’un dialogue
(si tu ouvres encore ta gueule, je fous mon poing dedans). Le défi
de me dire que j’en étais capable.
7.
Est-ce que le carmin du sang de ses propres cicatrices déteint
toujours un peu dans l'encre bleue de l'écriture ?
Forcément.
Je ne suis qu’une plaie d’égo, un handicapé social trop radin
pour déléguer à un psy le pouvoir de faire de l’argent avec mes
déviances. C’est une question qui rejoint la corrélation
auteur/personnage, tous mes personnages sont moi, aucun ne l’est
vraiment.
8.
Penses tu qu'autant de livres seraient publiés si la signature était
interdite ? Et toi, si comme pour le trophée Anonym'us, il fallait
publier des livres sous couvert d'anonymat, en écrirais-tu ?
Difficile
question. Sans signature j’écrirais toujours, mais j’adore être
lu et qu’on sache que c’est moi qui ai accouché de cette
merveille littéraire d’une portée universelle.
9.
Pourquoi avoir choisi le noir dans un monde déjà pas rose ?
Il
n’y a de véritable humour que l’humour noir. Les blagues pour
enfants sages n’en sont pas. Le noir est le plus grand terrain de
jeu qui soit.
10.
Quelles sont pour toi les conditions optimales pour écrire ?
Tout
le temps. Le fichier en cours reste ouvert sur l’ordinateur et je
le complète ou le corrige en passant, ou en m’y mettant
sérieusement.
11.
si vous deviez être ami avec un personnage de roman, lequel
serait-ce?
Certains
de mes personnages sont mes potes. Mais dans la littérature qui a
pignon sur rue, j’irai bien boire une bière avec Isidore Bautrelet
de l’Aiguille Creuse ou encore R. Daneel des romans d’Asimov et
pourquoi pas Yerruldegger si on pouvait éviter le thé salé au
beurre et le Bodog de marmotte.
12.
Quel est ton taux de déchet (nombre de mots finalement gardés /
nombre de mots écrits au total ) ? Si tu pouvais avoir accès aux
brouillons/travaux préparatoires d’une œuvre, laquelle serait-ce
?
Véritablement
aucune idée. En général j’écris assez juste en premier jet.
Mais le premier jet est déjà l’aboutissement d’un malaxage des
mots, d’une recherche dans la phrase. Ça influe forcément sur le
taux de déchet. Il m’arrive de supprimer des pans entiers ou, au
contraire, de rajouter des chapitres pour préciser des motivations.
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