mercredi 30 mars 2016

Interview d'une auteure : Elena Piacentini



LES QUESTIONS DU BOSS


1- Es-tu écrivain, romancier, auteur ? Vois-tu une nuance entre ces termes ? Qu'est-ce que ces mots représentent, pour toi ?


Quand on me demande, j’ai l’habitude de dire « auteur », met le E qui veut. Dans mon esprit, la romancière a un petit côté arsenic et vieilles dentelles. Quant à écrivain, ça renverrait plutôt à un but vers lequel tendre. Quand je serai grande, je serai écrivain. Sans E, c’est mieux. En vérité, je suis une faiseuses d’histoires.


2- Ecrivain/Carrière. Ces deux mots sont-ils compatibles ? Y penses-tu ? Anticipes-tu cet éventuel avenir.


La carrière, c’est la mine. L’écriture, c’est parfois le bagne. J’y casse des mots, des images, des personnages. Je monte mes histoires brique après brique. Je ne suis pas dans la projection ou le coup d’après. Si « faire carrière » implique de se fondre dans une logique de marché ou de suivre les tendances, c’est incompatible avec ma conception de l’écriture et mon attachement à la liberté. Je suis dans l’écriture, pas dans le calcul. S’il est question de travail, c’est une histoire sans fin.


3- Combien de temps, de tentatives, de refus, avant de décrocher un contrat à compte d'éditeur.


J’ai le souvenir que ça s’est passé assez vite. Deux ou trois premiers envois sans grand espoir et pas très bien ciblés. Et puis j’ai découvert une maison d’édition régionale dont la ligne éditoriale correspondait à mon premier roman et, dans le mois suivant mon envoi, j’ai reçu une réponse positive. En réalité, si j’ai cherché à me faire éditer, c’était pour faire un cadeau et une surprise à ma grand-mère, mémé Angèle dans mes livres, car j’avais le pressentiment qu’elle allait bientôt raccrocher son tablier.


4- Pourquoi as-tu commencé à écrire ? Pourquoi continues-tu ?


Au début pour essayer de capter des sentiments ou des sensations confuses, de figer des images fugaces, de donner du sens à ce qui paraît absurde. Mettre des mots derrière ce qui me remue ou me révolte, c’est aussi une manière de le mettre à distance. Gamine, j’écrivais des poèmes et de petites histoires. Et je lisais, beaucoup. Ma mère disait qu’il suffisait qu’on me mette un bouquin dans les mains pour avoir la paix. Les germes étaient là. Ecrire, c’est devenu comme un toc, je n’arrête pas de commencer des histoires dans ma tête. Et puis, c’est aussi une manière de transmettre et de ne pas mourir tout à fait.


5- Que penses-tu de la place de l'auteur dans le monde du livre et de l'édition ?


C’est celui sans qui rien ne tourne et la dernière roue du carrosse. La plume dans le cul ! Dans la chaîne, l’auteur est le dernier à être payé et c’est aussi celui qui est le plus mal payé. Des fois, même, pas du tout. Le modèle est aberrant. Enfin, j’ai la chance d’être éditée dans une maison équitable, c’est-à-dire que mon éditrice et moi percevons le même pourcentage. C’est assez rare pour mériter d’être signalé.


6- Comment serait l'éditeur de tes rêves ? Quelles qualités essentielles devrait-il posséder ?


La perfection n’est pas de ce monde. Je me sens bien avec mon éditrice. Par son travail éditorial et son accompagnement, Véronique apporte de la valeur ajoutée à mes textes. Et je peux l’appeler plusieurs fois par semaines. Au-delà de la compétence, la relation humaine avec ce que cela suppose d’écoute et de respect est primordiale


7- Que penses-tu du Trophée Anonym'us ?


Que du bien… Jusqu’à preuve du contraire ;-)


LES QUESTIONS DE MADAME LOULOUTE…


1- Ton dernier livre, c'est plutôt : Une intrigue aux petits oignons ? Des personnages croqués avec gourmandise ? Une alchimie de saveurs ?


Un peu des trois. Choisir s’est renoncer, non ?


2- Tu nous conseilles de le lire : Sur un canapé au coin du feu ? À l'ombre d'un parasol ? Dans le bruit et la fureur d'une ville surpeuplée ?


Sur un canapé au coin du feu, c’est ce que je choisirais. M’enfin, chacun fait comme il lui plaît. Moi, quand je lis, plus rien n’existe alentours.


3- Ce livre, c'est plutôt : Divertir le lecteur ? Le faire frissonner d'angoisse ? Inviter à la réflexion ? Apporter un témoignage ?


Lui proposer un voyage, riche en émotions diverses, je l’espère, tout en l’invitant à réfléchir.


4- Ton écriture : Elle est comme Pénélope, qui fait, défait, et refait chaque phrase jusqu'à ce qu'elle sonne juste ou bien un premier jet juste retouché pour enlever quelques aspérités ?


Pénélope, hélas ! Je carde et je reprise, ma bonne dame ! C’est rare que les premiers jets résistent à la relecture du lendemain. Mais quand ça arrive, ce sont des moments de pur bonheur.


5- Ton roman, comme un voyage, est-il : Un chemin au hasard qui t'emporte et t'oblige à t'adapter aux obstacles imprévus qui le parsèment ? Un périple longuement planifié, aux escales anticipées ? Un voyage « théoriquement » organisé, mais qui ne se déroule jamais comme prévu ?


La troisième proposition. Au départ, j’ai une intention qui guide toute mon histoire. C’est le sujet de fond sur lequel j’invite mes lecteurs à la réflexion. Puis viennent mes personnages, leurs motivations les liens qui les unissent ou les opposent. Je commence avec une trame générale, tout juste esquissée dans ma tête, ce qui laisse, en cours de route, voie ouverte aux surprises et aux rencontres… Et aux prises de tête !


6- Si celui-ci était une boisson, ce serait ?


De l’eau de vie.

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