1)
Es-tu écrivain, romancier, auteur ?
Ben, les trois, mon général !!
Ben, les trois, mon général !!
Vois-tu
une nuance entre ces termes ?
Ce n’est pas que «je» vois des nuances entre ces termes, c’est plutôt que ces trois mots ont chacun leur sens propre.
Un écrivain est une personne qui fait métier d’écrire des livres, c’est-à-dire qui non seulement écrit mais qui aussi publie, et dont les livres participent de la vie d’un «marché» : ils sont promus, vendus puis achetés, lus, critiqués, brûlés... bref : ils vivent.
Un romancier, c’est un écrivain qui écrit des romans, ce
qui le distingue d’autres types d’écrivains que sont les
essayistes ou les novellistes, par exemple…
Quant au mot « auteur
», il ne vit pas seul : on est auteur «de» quelque chose : d’un
livre, d’un opéra, d’une sculpture ou d’un mot d’esprit..-ce
que ces mots représentent, pour toi ? Comme amoureuse du livre, des
mots, de la langue, bibliovore et bibliophile, ces mots me parlent de
ce et de ceux que j’aime…alors ce sont des mots que j’aime !
2)
Ecrivain/Carrière. Ces deux mots sont-ils compatibles ? Y penses-tu
? Anticipes-tu cet éventuel avenir ?Faudrait
arrêter de faire les chochottes et de considérer qu’ «écrivain» serait un mot noble alors que «carrière», beurk, devrait être
banni du vocabulaire des «vrais» écrivains qui ne vivraient que
pour leur art en méprisant les basses et vulgaires contingence
matérielles et financières, mâtinées de batailles d’ego et de
compétitions acharnées, que sous-entendrait le (gros) mot «carrière». Personnellement, après trente années de «carrière», riche mais éprouvante, dans les métiers du marketing et de la
communication, j’envisage effectivement une nouvelle «carrière»
dans ce métier, nouveau pour moi, du livre et de l’écriture…mais
autrement, en mettant d’autres valeurs dans le mot «carrière»
: à mon rythme, sans me foutre aucune pression d’aucune sorte
(j’ai donné, merci..), avec pour seuls objectifs de me faire
plaisir, d’en procurer à des lecteurs, de voir mon travail reconnu
et de durer en apprenant et en évoluant tous les jours…
3)
Combien de temps, de tentatives, de refus, jusqu'à aujourd'hui, pour
parvenir à décrocher un contrat à compte d'éditeur?
Peu,
voire pas du tout en fait.. Il faut dire qu’en bonne «marketeuse», j’avais étudié de façon assez complète le marché de
l’édition (qui édite quoi, qui fait quoi etc…), puis j’avais
défini avec précision le positionnement de mon roman et de mon
écriture (de mon « produit », donc…) et défini avec quel type
d’éditeur je voulais travailler : plutôt un artisan qu’un
industriel, un «peti » chez qui je pourrais exister et évoluer
plutôt qu’une major qui me noierait dans la masse de ses
auteurs-producteurs (et puis, après trente ans en entreprise, je
n’avais plus du tout envie d’être replongée dans cet « univers
impitoyâââble »..). Bref, j’ai mis tout ça en équation et
j’ai ciblé les quelques (quatre en fait) éditeurs qui répondaient
à ces critères. Jean-Louis Nogaro, créateur des Editions du Caïman
m’a répondu très vite et on a signé dans la foulée. Voilà,
tout simplement…
4)
Pourquoi as-tu commencé à écrire ? Pourquoi continues-tu ?
Même
si je viens juste de publier mon premier roman, j’écris en fait
depuis très très longtemps. J’ai toujours aimé écrire et j’ai
toujours pratiqué, à travers des « genres » différents : des
travaux et essais universitaires, des poèmes et de la
correspondance, du rédactionnel d’entreprise, des chroniques de
presse, des nouvelles… des bouts de roman, toujours commencés mais
jamais terminés, jusqu’au jour – va savoir pourquoi… –
j’ai eu envie d’aboutir un roman pour le présenter à un éditeur
et lui donner une existence. J’ai eu de la chance, ça a marché,
les lecteurs aiment mon histoire, mes personnages, mon écriture,
c’est un vrai bonheur. Alors, pour ce bonheur-là, je vais
continuer.
5)
Que penses-tu de la place de l'auteur dans le monde du livre et de
l'édition ?
Je
sais combien d’auteurs souhaiteraient avoir une place plus
importante, voire centrale, dans le monde du livre et de l’édition.
Ils ont le sentiment, légitime, de « faire tout le boulot » mais
de ne recevoir que des miettes en rémunération de cet énorme
travail. Je comprends cette frustration mais je sais aussi que si «
sans auteurs pas de livres », il n’y aurait pas non plus de
livres, et donc pas d’auteurs (j’ai pas dit « écrivain »..),
sans les multiples intervenants de la chaîne du livre : éditeurs,
graphistes, correcteurs, imprimeurs, diffuseurs, attachés de presse,
distributeurs…qui font souvent un remarquable boulot pour que le
livre existe et vive, et qui méritent aussi d’être justement
rémunérés. Mais ceci dit, je ne suis pas naïve pour autant, et je
sais qu’il existe aussi de ces éditeurs-voyous qui exploitent et
méprisent leurs auteurs. Il en est dans le monde de l’édition
exactement comme dans d’autres secteurs économiques où sont
produits des biens : la répartition du « gâteau » est un sujet
inépuisable de contestations, négociations, ré-ajustements. Il
faut toujours se battre pour sa part de gâteau, that’s life !..
6)
Comment serait l'éditeur de tes rêves ? Quelles qualités
essentielles devrait-il posséder ?
Brun,
yeux gris, cultivé, riche (oui, ça aide)… Sinon, je lui
demanderais juste d’être pro et de savoir faire honnêtement son
boulot d’éditeur : qu’il sache reconnaître la qualité d’un
texte et d’une écriture, qu’il privilégie ces critères plutôt
que d’autres, plus mercantiles, qu’il sache prendre (un peu) de
risques pour soutenir des textes pas forcement rentables à court
terme et qu’il accompagne ses auteurs dans leur travail et la
promotion de leurs livres. Ah oui, et faudrait aussi qu’il soit
sympa et qu’il sache festoyer.
7)
Que penses-tu du Trophée Anonym'us ?
C’est
une joyeuse idée et j’adore l’idée de demander aux auteurs une
nouvelle originale. J’ai hâte de concourir et de retrouver mes
potes auteurs pour boire un coup sur les pontons !
Les
questions de Louloute...
1-
Ton dernier livre, c'est plutôt : Une intrigue aux petits oignons ?
Des personnages croqués avec gourmandise ? Une alchimie de saveurs ?
C’est
tout ça à la fois, je jubile quand j’écris, je pimente mes
intrigues, mitonne mes personnages et assaisonne le tout des
meilleures épices dans une grande marmite que le feu rougit…
2-
Tu nous conseilles de le lire : Sur un canapé au coin du feu ? À
l'ombre d'un parasol ? Dans le bruit et la fureur d'une ville
surpeuplée ?
A
la terrasse d’un bistrot de village, avec un verre de pastis ou de
rosé bien frais.
3-
Ce livre, c'est plutôt : Divertir le lecteur ? Le faire frissonner
d'angoisse ? Inviter à la réflexion ? Apporter un témoignage ?Lui
parler de choses sérieuses et graves mais sans lui prendre la tête,
l’inviter à se questionner mais avec humour et joyeusement.
4-
Ton écriture : Elle est comme Pénélope, qui fait, défait, et
refait chaque phrase jusqu'à ce qu'elle sonne juste ou bien un
premier jet juste retouché pour enlever quelques aspérités ?Pénélope,
bien sûr…
5-
Ton roman, comme un voyage, est-il : Un chemin au hasard qui
t'emporte et t'oblige à t'adapter aux obstacles imprévus qui le
parsèment ? Un périple longuement planifié, aux escales anticipées
? Un voyage « théoriquement » organisé, mais qui ne se déroule
jamais comme prévu ?Ni
planification excessive, ni organisation contraignante, plutôt une
flânerie le nez en l’air sur un chemin de randonnée à peu près
balisé, pour mieux recevoir les idées de passage ou les intrus du
subconscient…
6-
Si celui-ci était une boisson, ce serait laquelle ? Sans
hésitation : un vin languedocien, rouge, rocailleux, ensoleillé,
pas chichiteux mais simple et franc comme l’amitié…un Faugères
par exemple, ou un Pic Saint-Loup.
1 commentaire:
Jolie clairvoyance sur le métier doublée d'une fraicheur sympathique. Les deux ne sont pas incompatibles...
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