LES QUESTIONS DU BOSS...
-
Es-tu écrivain, romancier, auteur ? Vois-tu une nuance entre ces
termes ? Qu'est-ce que ces mots représentent, pour toi ?
Je
suis auteur lorsque j'écris des romans car je suis le seul maître à
bord. Par contre dans mon activité de scénariste je suis un
artisan. Je m'inscris dans une longue chaîne de production dont je
suis, certes, le premier maillon, mais pas le seul ! Écrire des
scenarii c'est accepter de mettre de côté son ego « d'auteur »,
et faire des concessions. Romancier c'est autre chose, c'est
justement exprimer son univers et ses convictions autour d'une
histoire sans le filtre de collaborations successives. C'est un peu
le rêve lorsqu'on aime raconter des histoires.
-
Ecrivain/Carrière. Ces deux mots sont-ils compatibles ? Y penses-tu
? Anticipes-tu cet éventuel avenir
J'ai
toujours écrit et travaillé en écriture avec le désir d'être lu
ou « vu » dans le cas de scenarii de fictions. En fait,
je trouve que c'est naturel de vouloir rencontrer son public, avoir
du succès donc faire une carrière. Cela fait une quinzaine d'années
que je vis de mon métier et sans un minimum de stratégie cela ne
serait pas la cas. Et puis j'ai du mal avec la tradition bien franco
française qui veut qu'on tire à boulets rouges sur les gens qui ont
du succès. Quand il arrive, il faut savoir l’accueillir et, plus
dur, garder la tête froide pour continuer...
-
Combien de temps, de tentatives, de refus, avant de décrocher un
contrat à compte d'éditeur ?
Et
bien pour moi ce fût une seule tentative. Mais mon cas est un peu
particulier car avant de passer au roman j'avais derrière moi 40
album de BD publiés et une bonne vingtaine de films en tant que
scénariste. Donc forcément, lorsque j'ai proposé mon projet,
l'éditeur m'a écouté d'une oreille un peu plus attentive que pour
un débutant complet. Finalement, le plus long a été de m'auto
convaincre que j'étais prêt à passer au roman !
-
Pourquoi as-tu commencé à écrire ? Pourquoi continues-tu ?
Question
fondamentale à laquelle j'ai répondu très tôt et dont la réponse
constitue mon seul moteur. J'aime raconter des histoires, je suis un
conteur depuis tout petit. J'ai commencé très jeune, dans les six
ou sept ans, par des BD que je dessinais sous forme d'histoires d'une
dizaine de pages. Ensuite, je suis tombé dans l'univers des jeux de
rôles et cela m'a forcé a construire mes univers, mes background de
personnages et les soumettre aux autres.
Depuis
tout ce temps mon réservoir d'histoires ne s'est jamais tari. Il
faut dire que je passe pas mal de temps à l'alimenter ! Et puis
il y a eu la rencontre et la collaboration avec Franck Thilliez qui,
un jour de pluie, m'a dit avec toute la simplicité qui le
caractérise : « je ne pige pas pourquoi tu n'écris pas
des romans ». Cette simple remarque a mis une année à faire
son chemin et j'ai écris mon premier roman (Quelque part avant
l'enfer) en quatre mois. A partir de là, j'étais accroc à cette
liberté totale d'écriture et le second est tombé dans la foulée...
-
Que penses-tu de la place de l'auteur dans le monde du livre et de
l'édition ?
Je
pense qu'il est, comme partout ailleurs, soumis aux flux et reflux
des contingences économiques. Mais l'auteur de livres a une force
que d'autres milieux créatifs n'ont pas : écrire et publier un
livre reste relativement peu onéreux et permet l’émergence de
grands talents. Ce n'est que peu le cas au cinéma par exemple. Un
film coûte tellement cher a produire que potentiellement, des
générations de scénaristes et de réalisateurs talentueux n'auront
jamais l'occasion de s'exprimer. En roman, l'auteur, seul face à son
ordinateur, peut faire la différence. Mon expérience de nombreux
univers d'écriture (BD, télé, cinéma, jeux vidéo et maintenant
roman) m'a prouvé qu'un bon texte trouve toujours sa voie …
-
Comment serait l'éditeur de tes rêves ? Quelles qualités
essentielles devrait-il posséder ?
Ce
serait un vrai partenaire, comme mon agent. Quelqu'un qui désire,
au-delà de la rentabilité immédiate, permettre l'émergence d'un
auteur sur le marché, puis l'accompagner. Les qualités seraient
donc l'écoute, le respect et la sincérité.
-
Que penses-tu du Trophée Anonym'us ?
C'est
Ian Manook qui m'a fait découvrir ce trophée et j'ai tout de suite
été séduit par la double démarche de publier des nouvelles
« anonymes » en mélangeant des auteurs publiés et non
publiés. Et puis c'était pour moi l'occasion de me frotter à ce
format d'écriture et j'ai réellement adoré !
LES QUESTIONS DE MADAME LOULOUTE...
- Ton
dernier livre, c'est plutôt : Une intrigue aux petits oignons ? Des
personnages croqués avec gourmandise
? Une alchimie de saveurs ?
Une
dinde aux marrons. Le tout étant de savoir qui est la dinde, et qui
se prendra les marrons !
- Tu nous conseilles de le lire : Sur un canapé au coin du feu ?
À l'ombre d'un parasol ? Dans le bruit
et la fureur d'une ville surpeuplée ?
Dans
une pièce obscure, par une nuit sans lune avec comme musique
d'ambiance le son du vent contre le carreau de la fenêtre.
- Ce livre, c'est plutôt : Divertir le lecteur ? Le faire
frissonner d'angoisse ? Inviter à la réflexion ? Apporter
un témoignage ?
Le
faire frissonner d'angoisse tout en l'invitant à la réflexion.
-
Ton écriture : Elle est comme Pénélope, qui fait,
défait, et refait chaque phrase jusqu'à ce qu'elle sonne
juste ou bien un premier jet juste retouché pour enlever quelques
aspérités ?
Simplicité
et efficacité. Voilà ce que j'ai en tête lorsque j'écris.
-
Ton roman, comme un voyage, est-il : Un chemin au hasard
qui t'emporte et t'oblige à t'adapter aux
obstacles imprévus qui le parsèment ? Un périple longuement
planifié, aux escales anticipées ? Un
voyage « théoriquement » organisé, mais qui ne se déroule jamais
comme prévu ?
C'est
un voyage qui me surprend toujours plus souvent que prévu.
-
Si celui-ci était une boisson, ce serait laquelle ?
Un
vin doux avec l'amertume d'une amande.
2 commentaires:
Ah, une pointure (le seul que je connais pour l'instant, du fait de mon côté bédéphile, d'ailleurs il m'a piqué un titre pour une BD...)
Maintenant, reste à voir s'il écrit aussi bien ses nouvelles que ses BD. Le piège serait d'aller un peu fort dans l'ellipse (passé scénar oblige), je parle en connaissance de cause
Son écriture est immersive et efficace... une dinde aux marrons peut-être (!!) mais qui file les jetons !! J'en ai parlé aussi son mon blog... je crois qu'on est déjà nombreux à attendre son 2è roman !
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