
Aujourd’hui
l’interview de Eric
Dupuis
1.
Certains auteurs du noir et du Polar ont parfois des comportements
borderline en salon. Faites-vous partie de ceux qui endossent le rôle
de leurs héros ou protagonistes pendant l'écriture, histoire d'être
le plus réaliste possible ?
Bande
de psychopathes !
Je
reconnais que parfois, de manière à ressentir ce que pourrait
ressentir mes personnages, face à un évènement ou à un lieu
particulier, je me projette dans la situation dans laquelle je le
plonge. Comment réagir à sa place, à cet instant précis ? Quel
choix s’offre à lui ? Quelle est la meilleure attitude à
adopter ? … Plusieurs questions auxquelles j’essaie de
répondre en analysant le contexte et les différents paramètres en
présence, pour être le plus crédible possible.
2.
Douglas Adams est promoteur de 42 comme réponse à la vie, l’univers
et le reste. Et vous quelle est votre réponse définitive ?
Aucune
idée. Mais je compte bien y remédier. J’enregistre les données
immédiatement dans mon PC, toutefois, il faudra patienter environ
7,5 millions d’années pour obtenir une réponse…
3.
Y a-t-il un personnage que vous avez découvert au cours de votre
vie de lecteur et avec lequel vous auriez aimé passer une soirée ?
Phileas
Fogg. Ce personnage m’a fait rêver étant gosse. Faire le tour du
monde tout en réalisant une performance, tous les ingrédients d’une
superbe aventure. Je passerais une agréable soirée à l’écouter
me narrer ses exploits.
4.
Si tu devais avoir un super pouvoir ce serait lequel et pourquoi?
Sans
hésiter, celui de Bruce Willis dans « Indestructible ».
Pouvoir agir et défendre les opprimés et toutes victimes
potentielles sans craindre d’être blessé… le pied !
5.
Est-ce que tu continuerais à écrire si tu n'avais plus aucun
lecteur ? (même pas ta mère)
Ce
serait terrible… mais oui ! Je continuerais d’écrire, ne
serait-ce que par passion et besoin. En espérant qu’un jour,
quelqu’un me fera le plaisir d’ouvrir à nouveau un de mes
romans. L’espoir fait vivre… avancer… et écrire !
6.
Quel a été l'élément déclencheur de ton désir d'écrire ?
Est-ce un lieu, une personne, un événement ou autre ?
Adolescent,
l’écriture m’a permis d’exprimer ses sentiments à travers la
poésie, à l’âge adulte, de relater la dure réalité de ma
profession, puis plus tardivement, de participer à des projets
télévisuels. Aujourd’hui, elle me sert d’exutoire. Un
anti-stress absolu en complément du sport. Sans compter le plaisir
d’échanger et de rencontrer des lecteurs(trices) ainsi que ses
amis(es) auteurs lors de salons.
7.
Est-ce que le carmin du sang de ses propres cicatrices déteint
toujours un peu dans l'encre bleue de l'écriture ?
Oui,
inévitablement. Nos blessures du passé ressortent toujours un jour
ou l’autre au détour d’une histoire, d’un récit ou d’un
lieu. Nos sentiments parfois tourmentés referont surface même
inconsciemment. Quelle meilleure thérapie d’ailleurs que de les
exprimer plutôt que de se morfondre ou de les garder enfouis au plus
profond de son être… Et n’oublions pas qu’il est toujours plus
facile d’écrire ce que nous avons vécu, ressenti ou subi… Une
part de nous est toujours présente au travers de nos lignes,
d’ailleurs nous nous mettons souvent à nu.
8.
Penses tu qu'autant de livres seraient publiés si la signature était
interdite ? Et toi, si comme pour le trophée Anonym'us, il fallait
publier des livres sous couvert d'anonymat, en écrirais-tu ?
C’est
évident qu’il y en aurait beaucoup moins. Tout auteur a besoin de
retour et de reconnaissance vis-à-vis de son investissement. Nous
sommes si souvent seuls lors de la conception de nos romans, qu’il
est important de pouvoir partager. Etre anonyme sous-entend nous
retirer cette étape qui consiste à répondre à la question
cruciale : Notre bébé a-t-il été bien perçu ?
Le
trophée Anonym’us est un challenge, un concours, un défi qu’on
se lance. En toute humilité, au sein d’un groupe de copains
auteurs. Rien de comparable. Je pense que pour progresser et avancer
dans l’écriture, il faut se nourrir des critiques. Dans
l’anonymat, ce serait compliqué…
9.
Pourquoi avoir choisi le noir dans un monde déjà pas rose ?
Etant
fortement influencé (voire inspiré) par mon environnement
professionnel pour mes écrits, le noir s’est imposé à moi
naturellement. Certains ont essayé de me faire écrire des histoires
humoristiques, mais la noirceur des âmes que je côtoie au quotidien
ainsi que les quartiers à risques dans lesquels je baigne depuis
longtemps, ne m’incitent pas vraiment à rire…
10.
Quelles sont pour toi les conditions optimales pour écrire ?
Le
calme avant tout. Mes idées affluent en règle générale entre
22h00 et 01h00 du matin. C’est le début d’une insomnie
caractérisée. Je les enregistre dans un coin de ma tête en les
répétant au maximum. Et au petit matin, je m’empresse de les
noter. Ensuite, l’écriture proprement dite se réalise dès que
j’ai un moment dans la journée (parfois ils sont rares mais aucune
pression, il faut que ça reste un plaisir).
11.
si vous deviez être ami avec un personnage de roman, lequel
serait-ce?
Sherlock
Holmes. Essayer de comprendre son cheminement atypique jusqu’aux
résolution d’enquêtes en fonction des preuves établies, tout
étant au cœur de l’action, tel le Docteur Watson, m’aurait
passionné.
12.
Quel est ton taux de déchet (nombre de mots finalement gardés /
nombre de mots écrits au total ) ? Si tu pouvais avoir accès aux
brouillons/travaux préparatoires d’une œuvre, laquelle serait-ce
?
Aucune
idée. Sans doute aux alentours de 25 % si je prends en compte mes
écrits papiers, mes premières lignes, jusqu’aux ratures,
transformations, remaniement et corrections finales.
Quant
à l’œuvre, même si j’ai rencontré quelques difficultés à la
lire, je choisirais « 22/11/63 » de Stephen King, pour
m’imprégner de sa méthodologie concernant le facteur « Temps ».
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