mardi 3 novembre 2015

Quelques vipères écarlates - Vincent Crouzet - Vainqueur du Premier Trophée.



Janvier. Dans une forêt d'Île de France. Au cœur du cœur de la nuit. Au nord-est de Paris, sur la route de Soissons s'ouvrent des bois centenaires, des futaies où ont chassé Philippe Auguste, François 1er et Henri IV, et le sanglier et la garce. En milieu d'hiver, sans lune aucune, sous des trombes noires, sans la moindre frondaison pour abri, sous les hêtres majestueux mais nus, la forêt ne protège de rien.
Mes yeux cette nuit-là sont infrarouges. Lunettes DIPT type LUCIE, dispositif passif de vision nocturne. Intensification de lumière stellaire. Je vois, à travers la nuit plus dense que la nuit, s'ébattre le poumon spectral d'une chouette effraie, je surprends le bond d'une martre, le croc d'un renard mutin. Les prédateurs sont de sortie. Oiseaux de proie. Grands carnassiers. La chasse est ouverte depuis quelques heures, depuis l'obscurité enveloppante. Je suis de ceux-là.
Je suis un guerrier. Caparaçonné. Un combattant du XXIème siècle. Le visage sous la visière de protection polycarbonate intégrée à mon casque de 4.5 kilos, que ne perfore pas une munition de 357 magnum. Sous mon treillis camouflé pour opération nocturne en "milieu kaki", soit en milieu naturel, je porte un gilet pare-balles de huit kilos. Ma puissance de feu est calibrée, c'est celle d'un fantassin léger, furtif, d'un tueur véloce. Contre ma hanche, un pistolet Sig Pro 2022 9mm Parabellum, à ma cheville dans son étui marouflé, un poignard de combat cranté Ontario, lame de quatorze centimètres, et, entre les mains, notre pistolet-mitrailleur de prédilection : HK-MP5 équipé avec traceur laser jour-nuit, lunette de vision Trijicon, et modérateur de son pour shooter silencieusement l'ennemi traqué. Et, si besoin est, quatre grenades défensives scratchées sur mon harnais poitrinaire.
Il ne fait pas bon me croiser, nous croiser, cette nuit, entre Aisne et Oise. Nous sommes le 9 janvier. Surlendemain du 7. Nous quadrillons les villages, les hameaux, les zones et friches industrielles. Chaque domicile est visité, les fermes sont cernées, des paysans hagards, parfois les mains en l'air nous accueillent sans le moindre sourire. Comme dans une zone de guerre. Mais le théâtre des opérations s'étire le long d'une nationale, la N2, qui relie Soissons à Paris. Nous avons investi les zones habitées, désormais nous fouillons les bois, avec support aérien, Pumas et Gazelles de l'ALAT et de l'Armée de l'Air en vols tactiques, phares de combat martelant la forêt domaniale de Retz.
Dans laquelle je me coule comme un mâle en rut, comme un prédateur absolu, déterminé, infatigable, insatiable, les traits camouflés couleur de mon treillis, les grandes fougères deviennent mon biotope, mon océan, l'univers de mon déplacement rapide, mes bottines Blade foulent du grès, du sol sablonneux, traversent des points d'eaux si noirs, des haies d'épineux, je fends des murs de ronces, je me fonds dans la végétation. Je deviens la nuit. Un cœur qui cogne dans la pénombre. Et rien n'échappe à mes yeux dotés d'une source infrarouge. Si combat il y a, il sera déséquilibré. Nous pourchassons deux abrutis, deux apprentis guerriers. Mais des assassins. Juste bons à abattre des cibles désarmées, dépourvues, ou bien surprises. Nous ne sommes pas à l'abri d'une dernière riposte, dans ces bois sublimes, lardés d'une pluie glaciale, mais notre tir sera sélectif, contrôlé, impitoyable. Notre mission est prioritairement de les interpeller. Mais la moindre résistance vaudra une réponse implacable.
Des véhicules rapides nous ont déposé sur un parking, notre point de pré-positionnement, le long de la N2 entre Gondreville et Vaumoise. Ce pays est désormais sillonné par des cortèges hurlants, la nuit striée de gyrophares, partout. Avec l'incessant murmure, puis le vacarme des hélicos. Nous avons ôté nos cagoules, et nous nous sommes enduit le visage de poudre de camouflage, puis nous nous sommes casqué. Nous avons vérifié notre armement. Des culasses ont claqué dans le soir. Enfin, en silence, nous avons tracé sur un chemin forestier parallèle à la nationale, justement dénommé la Route Droite. Puis, nous avons, binôme après binôme, basculé dans les fougères géantes, et nous nous sommes noyés dans la forêt de Retz.
Nous sommes entraînés à ça. Chaque jour de l'année est jour de labeur, d'épreuves incessantes. Dans la cohésion de notre groupe, nous sommes aguerris, conditionnés à la rusticité, aux efforts, et au mal. Nous sommes formés pour faire face à presque tout, en professionnels disciplinés. Certains d'entre nous ont blessures de guerre, et blessures de vie. Nous pourchassons deux abrutis, mais la France depuis près de quatorze heures est plongée dans la stupéfaction. Et nous aussi, malgré tout.
Nous sommes dans la nuit du 8 au 9 janvier 2015. Deux frères ont ouvert le feu l'avant veille à mi-journée sur la rédaction de Charlie Hebdo, tuant dans la même fureur dessinateurs, journalistes, agent d'entretien, officier de sécurité, et fonctionnaire de police de proximité. La dernière fois que les tueurs présumés ont été repérés, kalach en bandoulière, c'est à une station de service Avia, la veille, le 8 janvier à 09h00, à Vauciennes, à quelques kilomètres de notre secteur de recherches. Depuis, le dispositif Épervier verrouille la Picardie et plus précisément un large périmètre le long de la Nationale 2.
Mon binôme, Alex, n'est pas loin. Nous progressons ensemble, à moins de cent mètres l'un de l'autre, connectés, je perçois son halètement dans mon oreillette entre deux grésillements d'instructions précises du commandement mobile. Nous n'émettons qu'en cas de besoin. Nous n'ignorons pas, qu'en ratissage complémentaire, des binômes cynophiles viennent dans notre dos, gueules des chiens démuselées. Nous entendons déjà, désormais, des aboiements compulsifs. Les chiens de recherche, de combat, comme nous, n'aiment rien de plus que la chasse pure, la nuit, cette liberté, même sous la pluie de janvier, le sous-sol sablonneux propice à cette progression fluide malgré les obstacles. Des chiens, des guerriers, des hélicos, des traceurs thermiques. Personnel spécialisé déployé partout. Mobilisation complète des moyens et des unités. La mienne représente le prestige de la gendarmerie.
Je suis "full qualif". Chuteur opérationnel, nageur de combat, tireur d'élite. Je suis ce que l'on fait de mieux dans les Armées françaises. Mon uniforme de cérémonie est alourdi de médailles OPEX. Kosovo, Côte d'Ivoire, Liban, et récemment République Centrafricaine et Mali. J'ai maîtrisé des forcenés, ouvert le feu sur des orpailleurs clandestins sur des rivières rouges en Guyane, protégé des ministres en visite en zones hostiles, escorté des personnalités sensibles dans Paris et ailleurs, j'ai réveillé très martialement aux aurores des "barbus" dans des quartiers irrédentistes, et j'ai ciblé des braqueurs du grand banditisme. Je suis formé à toutes les missions dévolues à notre groupe : Piratmer, Piratair, Piratome, Piratext, Pirator. Je suis le bras armé de mon pays.
Je suis membre d'une force d'intervention du GIGN.
Je croyais avoir tout vécu. Mais pas ça. Mes libertés, le triptyque républicain, les fondements de ce pourquoi je me suis engagé remis en question par la folie, le délire de quelques uns.
Voilà donc le très grand jeu dans la forêt de Retz.
Je suis prêt. Je suis en colère.
Et je dispose d'une très forte puissance létale pour fumer ces fils de putes.
Je ne suis pas certain, cette nuit, d'obéir pleinement aux ordres, soit appréhender ces enculés vivants. En croisant le regard cagoulé de mes camarades, tout à l'heure, dans le C5 break filant à vive allure sur la bande d'arrêt d'urgence de l'A1, cortège hurlant, j'ai cru deviner une confidentielle communion d'envies.
La forte couche d'humus nourrie par le tapis des feuilles jaunies des hêtres offre un confort de déplacement, et surtout les conditions d'une progression discrète. J'entre à nouveau dans un labyrinthe de fougères, dans une végétation plus serrée. Je suis tout à coup plus concentré encore. Si j'avais à me terrer, ce serait ici, dans cette densité, cette jungle profonde. Je me courbe pour rester à couvert sous la voûte des fougères. Je connais toujours la position de mon binôme, mais aussi celles des personnels déployés. Plus au sud, à quelques centaines de mètres, nos camarades du RAID remontent depuis les clairières de l'enclave de la commune de Vauciennes. Travail en interopérabilité. Le filet est tendu. Le cercle se resserre. Petit à petit. La vérité, eux, deux frères, n'est pas si éloignée. Mon expérience, mon instinct. Me le chuchotent.
Stop. Je m'agenouille. Tout s'est arrêté en moi. Mammifère en déplacement très proche de moi. À "onze heures". Mammifère ? Mammifères ? Bi ou quadrupède ? Je transmets.
— Présence. "Quatre heures" pour toi.
Reçu.
Fin de transmission. Inutile de plus. Je sais que mon binôme désormais converge. Comme moi. HK MP5 épaulé, sécurité off, munition engagée. Je me redresse, lentement. Il y a quelque chose, là, à dix mètres et quelques sur ma gauche. Le rideau de fougères ne permet pas à mon infrarouge de détecter la nature précise de ce qui se coule dans la direction opposée à ma progression. Je suis désormais parfaitement relevé, mes yeux libérés. Optimisation de vision nocturne.
Verrouillée sur une splendide parure de cors déployés. Grand cerf insouciant des nemrods lâchés sur son territoire. Deux visées lasers sur son cou étiré. Je transmets.
— Cerf en visuel.
Je confirme. Cerf en visuel.
Fin de transmission. Immersion, à nouveau, dans les hautes fougères. Le cœur encore battant. Je poursuis ma progression. Je dois tout calmer. Recouvrer une rythmique cardiaque de combattant aguerri. Je ne suis pas éloigné du point CD.
Où, dans l'histoire, du Moyen-Âge à aujourd'hui, le long de cette laie sablonneuse, dans la faille d'un banc de grès, on a ripaillé, ensorcelé, violé et sacrifié lors de nuits orgiaques, infernales et sataniques.
Je m'approche, nous nous approchons de la Cave du Diable, cette excavation dédiée à des rites anciens et sataniques, ce coup d'épée dans le grès, où jadis s'élevait une haute tour de guet au-dessus de la canopée des hêtraies, mais aussi des frênes, des pins sylvestres, des mélèzes et des chênes, la tour du Grain.
Le site idéal, propice, où se planquer. Et attendre une heure meilleure ?
Mon cul. Nous sommes là.
Je suis là, en terrain plus dégagé, sous les branchages décharnés d'un grand hêtre. Il est prévu que je descende dans la cavité, couvert par le spectre de tir d'Alex. Frontale soudainement allumée. Pleine lumière sur les parois graffitées de la Cave du Diable. Si vous êtes là, mes salauds...
La lampe à forte intensité du HK MP5 braquée, je descends dans la faille, précautionneusement. Prêt à libérer du 9mm Parabellum. Je vais tout retapisser si je le dois. Si je le veux. Je le veux. Soyez-là, connards...
Rien. Des détritus. Des préservatifs usagés, de tessons de Kro et de 1664. Aux cérémonies démoniaques d'antan ont succédé ordinaires libations et fornications sylvestres. Je transmets.
— De G9 pour PC3. Point CD dégagé.
Bien reçu G9.
Fin de transmission. Je remonte de la faille. Pas soulagé, mais déçu. J'aurais aimé les trouver là, les dénicher, transis, épuisés, affamés, les canons de leurs kalachs, et l'ogive de leur lance-roquette M80 Zolja pointés. J'aurais tellement aimé.
Ils sont ailleurs. Plus loin ?
Notre feuille de route est déterminée. Quitter la Cave du Diable pour descendre inexorablement la laie des Bruyères et couper celle, plus au sud, de Montlevroux où nous opérerons notre jonction avec les effectifs en éventail du RAID.
Avec Alex, nous basculons de part et d'autre de la laie. Je retrouve ces putains de fougères. L'obscurité, à la défaveur de cette dépression de janvier, est désormais totale. Sans l'infrarouge, nous progresserions au pifomètre, alors que nous inspectons scrupuleusement chaque mètre carré. J'entends se rapprocher des chiens. L'étau s'étrangle.
Sur ma droite, je sais - c'est le topo tout à l'heure qui l'indiquait - que se dresse un monticule de rochers ronds de grès, c'est encore à moi de le reconnaître. Des informations nous parviennent dans nos oreillettes. Des camarades sont tombés sur un braconnier à deux bornes d'ici. Le malheureux s'est subitement retrouvé braqué par une douzaine de tueurs professionnels. Il a de la chance, il est en vie.
Mes semelles vibram accrochent tout à coup le grès, je m'élève sur le premier rocher de ce petit chaos. Le cerf, puis la descente dans la Cave du Diable, m'ont bouffé de l'adrénaline. Mon attention s'est relâché d'un cran, mon corps aussi. Je ne suis plus tout à fait certain que nous les débusquerons dans cette partie de la forêt cette nuit. Mon arme pend plus négligemment le long de ma cuisse droite. Je pense vaguement à l'après, le retour à Satory, la récup' quand d'autres collègues prendront leur poste au lever du jour. Et puis cette pluie. Le froid tout à coup. La lassitude.
Alors.
Deux signatures, deux silhouettes courbées dans mon infrarouge.
Alors.
J'ai voulu me ressaisir. Et je ne sais plus. Une douleur soudaine s'est emparée de mon bras gauche. Incontrôlable. Une douleur partout. Une grande violence. Je crois que j'ai glissé sans perdre connaissance, dans un massif de bruyères.
Je reste conscient. Pleinement conscient. Je sais ce qui m'arrive. Accident cardiovasculaire. Je ne peux plus remuer mes membres inférieurs, ni mon bras gauche, seulement les doigts de ma main droite. Et mon pistolet-mitrailleur est hors d'atteinte, à moins d'un mètre dans la végétation.
Je ne peux plus articuler non plus.
Je ne peux plus transmettre.
Et ils sont là.
Tapis derrière une roche ronde. Je ne sais pas s'ils m'ont entendu. Je ne crois pas. Ils me tournent le dos.
Alex ne va pas passer loin d'eux, sur leur gauche. Je n'entends plus Alex. Mais il est là. À moins de cinquante mètres. Lui, ils l'entendent survenir. L'un d'eux épaule sa kalach. L'autre pose la main sur l'avant-bras de son frère, pour l'en dissuader. Je ne vois plus très bien. Je reste conscient, mais cela ne tient à rien. Je ne peux plus poser mes doigts sur le commutateur, je ne transmets rien, je ne bouge plus mes lèvres.
Ils se relèvent. Ils se retournent. Ils fuient. Dans ma direction. Je suis à trente mètres. Ils vont passer devant le massif de bruyères dans lequel je suis étendu.
Vous avez exécuté des innocents, vous avez répandu le sang dans l'ignorance, je suis un militaire de carrière mais je chéris la liberté, l'insolence, l'impertinence, j'ai grandi avec Cabu, Wolinski, j'aimerais être comme ils l'ont été un saltimbanque, lorsque je reviens de mission j'écoute Higelin, un de leur génération, une d'avant la mienne, et maintenant, juste avant que vous ne n'abattiez, j'entends à tue-tête "Champagne".
Quelques vipères écarlates.
Abattez-moi. Je ne laisse personne derrière moi. Je ne remarcherais peut-être jamais. Je ne reparlerais peut-être jamais. Je serai radié des cadres. Je ne serai plus un soldat. Abattez-moi. Vous attiserez un peu plus la braise, l'énergie de mes camarades à vous traquer, à vous trouver, à vous punir.
Abattez-moi.
Ils passent.
À moins de deux mètres. Sans me voir. Comme des fantômes.
Je ne suis plus conscient.




Je suis sorti de mon semi-coma le lendemain dans la soirée. Ciel de pluie nocturne et traînante au-dessus de l'hôpital des Armées Percy. On m'a appris que mes camarades avaient neutralisé une heure plus tôt Chérif et Saïf Kouachi devant l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, et qu'un dénommé Coulibaly, coupable d'une absurde tuerie, avait été abattu au même moment sur le seuil de l'épicerie casher dans laquelle il détenait ses otages.
Je ne peux plus bouger, ni parler. On m'a lu un message de soutien du directeur général de la gendarmerie, mon ancien chef au GIGN, mon camarade, un type bien.
Je ne sais plus. Je ne sais plus si j'aurais aimé faire face aux tueurs à Dammartin-en Goële, juché avec mes frères de combat sur le véhicule d'assaut Sherpa, je ne sais plus si j'aurais pris du plaisir à les éliminer.
J'ai été un guerrier. Ils sont passés à moins de deux mètres de moi, c'était mon heure, mon moment, je ne serai pas décoré, je ne suis pas victime. C'était mon heure. Mais dans l'hiver de la forêt de Retz, je suis devenu pleinement un homme, simplement vulnérable.
Le 11 janvier, à l'heure où les grandes marches ont débuté, sous la protection encore des miens, immobilisé sur mon lit de peine, mes yeux ont cillé, et je me suis endormi.
Note de l'auteur : pour nous, écrivains, artistes, saltimbanques, l'année 2015 aura été d'une immense tristesse. Je fais partie de ceux qui ont ressenti le 7 janvier comme une blessure personnelle. Mais nous n'avons pas été suffisamment nombreux à marcher le 11 janvier, et l'indifférence s'est imposée depuis, le repli, le déni et la veulerie, aussi. On ne reviendra jamais assez sur ces quatre journées qui auraient pu changer le pays, on n'écrira jamais assez notre indignation, je n'écrirai jamais assez mon refus de tout ça.

1 commentaire:

Dominique Terrier a dit…

Quelques vipères écarlates, titre étrange tiré d’une chanson elle aussi très étrange de Jacques Higelin. Le narrateur ne fait pas partie du commun des mortels, il est le bras armé de la démocratie, de la république et sans doute aussi de la justice. Un parcours presque irréel, dans une forêt hantée, la nuit, pour traquer des assassins condamnés à mort par la conscience collective d’un pays traumatisé. Comme dans La rivière aux biches, la nouvelle gagnante du trophée 2015, Vincent Crouzet s’empare d’un thème d’actualité, grave, dont on ne refermera jamais la parenthèse, pour exposer sa colère contenue mais toujours aussi forte dix mois après la tuerie de Charlie-Hebdo. Ce texte est une piqure de rappel, une petite claque sur la joue qui réveille notre indignation assoupie. Comment un tel évènement peut-il s’oublier aussi vite ? c’est la question que pose Vincent Crouzet avec talent et conviction.