N'y
a-t-il que du plaisir, dans l'écriture, ou t'est-il déjà arrivé
de ressentir une certaine forme de douleur, de souffrance, dans cet
exercice ?
- Je ne parlerais pas de plaisir à proprement parler mais plutôt de besoin d’écrire. Une certaine « souffrance » (relative) apparait au mot « fin »… quand je quitte mes personnages (récurrents)…
Qu'est-ce
qui te pousse à écrire, finalement ?
- J’ai du mal à répondre à cette question…c’est un besoin ancré de longue date que j’analyse mal. Peut-être un moyen de recadrer mes ressentis sur la réalité, d’exprimer des revendications, de m’ouvrir une tribune.
Comme
on le constate aujourd'hui, tout le monde écrit ou veut s'y mettre.
Sportifs, stars du show biz, présentateurs télé, journalistes,
politiques, l'épicier, ta voisine... de plus, des sites proposant
des services d'auto-édition pullulent sur le net. Ça t'inspire
quoi ?
- C’est sûrement salutaire mais, en même temps, ça banalise l’acte d’écrire et, trop souvent, favorise une certaine médiocrité qui finit par « abrutir » le lecteur.
Le
numérique, le support d'internet, les liseuses, les ebook, les
réseaux sociaux, sont une révolution pour les auteurs et bousculent
également le monde de l'édition. Que penses-tu de ce changement ?
- Faut vivre avec son temps même si ça rend, à mon avis, moins lisible le fait d’écrire… une banalisation dans laquelle on se noie.
Il
semble que de plus en plus, les auteurs prennent en charge leur
communication, font leur publicité, créent leurs propres réseaux,
prolongeant ainsi le travail de l'éditeur de façon significative.Te
sers tu toi aussi de ce moyen pour communiquer sur ton travail,
annoncer ton actualité, discuter avec tes lecteurs ou d'autres
auteurs et ainsi, faire vivre tes livres plus longtemps ?
- J’adore échanger directement et, pour l’heure, je suis bien servi par un éditeur qui ne fait strictement rien. Mais je suis très béotien en la matière et, hormis facebook (dont je ne maîtrise pas tout), j’ai des progrès à faire pour ma communication.
On
dit qu'en 25 ans, le nombre de livres publiés a été multiplié par
deux, leur tirage ayant baissé de moitié pendant cette même
période. Comment sortir le bout de sa plume de cette masse de
publications ? Être visible ? N'est-ce pas décourageant
pour les jeunes auteurs ? Que leur dirais-tu ?
- Je n’ai guère ce souci, personnellement, car j’écris plus pour ceux qui me lisent (et pour moi) que pour la postérité…je préfère plaire à peu que vendre à tout le monde…Les choses arrivent souvent quand on ne les attend pas. Je n’ai donc aucune stratégie.
Les
relations entre un éditeur, ou un directeur de collection, et un
auteur, pourraient faire l'objet d'une psychanalyse, me disait un
écrivain, récemment. Qu'en penses-tu ? Comment analyserais-tu
cette relation que tu entretiens avec eux.
- Pas facile à dire. Je quitte un éditeur peu impliqué pour découvrir une « vraie » maison d’édition. Et tout se passe très bien…
J'ai
pensé longtemps, et ma bibliothèque s'en ressentait, que le noir,
le polar, était une affaire de mecs. Les coups durs, la débine et
la débauche, les gangsters, la baston, les armes, les crimes et la
violence en général… une histoire de bonshommes. Aujourd'hui, les
femmes sont de plus en plus présentes dans l'univers du polar. Grâce
au Trophée, j'ai pu me rendre compte qu'il y avait de nombreux
auteurs femmes dans ce genre. Ce n'était pas le cas il y a quelques
décennies.
Quelles
réflexions cela t'inspire-t-il ? À quoi cela est il dû, selon
toi ? En lis-tu et, si oui, Lesquelles ?
- Je lis peu car je suis pollué par un œil critique. Les femmes constituent l’essentiel du lectorat, il est donc tout naturel de les voir écrire. Le polar est souvent un véhicule pour faire du « sociétal ».
Pourquoi
as-tu accepté de participer à ce Trophée ?
- Je suis peu coutumier des challenges que je trouve, par ailleurs, trop nombreux….Mais comme l’occasion de participer à celui-ci qui se trouve, en outre, être très motivant et de qualité, je fonce… y’a plus qu’à !
LES
QUESTIONS DE MME LOULOUTE
Vie
professionnelle, vie de famille, salons et dédicaces, à l'écriture
reste-t-il une place ?
- Faut un peu jongler et compartimenter… j’ai la chance de n’avoir plus d’activité professionnelle depuis peu…et ça libère du temps (et pas que pour écrire).
A-t-on
encore les idées claires, quand tous nos héros broient du noir ?
- Mes héros ne broient pas du noir… Un est spécialisé dans le rose et l’autre dans le jaune…
La
rentrée littéraire approche. Un livre, ça va, 560, où est-ce
qu'on va ?
- Mon avis est que les dés sont pipés. Les « beaujolais nouveaux du livre » raflent tout grâce à une communication bien plus marketing que littéraire et un lectorat grégaire qui ne s’en écarte pas.
Le
dicton du jour : À la saint Grégoire, sort un livre de ton
placard. Je t'écoute.
- « y’a une vie avant la mort »…
Boire
ou écrire, faut-il choisir ?
- Pour moi, pas de choix ! Je bois du café en écrivant… ça a toujours été comme-ça depuis mes rédactions du collège…
La
littérature est le sel de la vie. Passe moi le poivre.
- Le ciné, l’air léger du printemps dans les narines….
Lire
aide à vivre. Et écrire ?
- … à moins mourir …. (je parie qu’on va être nombreux à répondre un truc dans l’genre )
Une
anecdote à nous narrer, sur un salon, lors d'une dédicace, d'une
table ronde, un événement touchant, drôle, étrange… ?
- Les questions rituelles :
-- « C’est
où qu’on les trouve ?
Et
le must (nouveauté de dimanche dernier)
-- «vous êtes là quand ? » (alors que j’étais devant la dame)
-- «vous êtes là quand ? » (alors que j’étais devant la dame)
Nous
te remercions d'avoir répondu à nos questions et d'être présent(e)
avec nous, pour cette troisième édition du Trophée Anonym'us.
- C’est moi qui vous remercie…… Bravo !!!!
1 commentaire:
Beau boulot et c'est une joie d'en être :) ... Merci, ça fixe les idées :)
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