1- Es-tu écrivain, romancier,
auteur ? Vois-tu une nuance entre ces termes ?
Qu'est-ce que ces mots
représentent, pour toi ?
Ni écrivain (ou écrivaine),
ni romancier… et pour cause, puisque je n’ai écrit aucun roman à ce jour !
En revanche, le mot
« auteur » commence à prendre du sens. Selon moi, un écrivain /
romancier s’il ne vit pas complètement de sa plume, a tout au moins mis cette
activité au centre de sa vie… en a fait comme qui dirait son métier.
2- Ecrivain/Carrière. Ces deux
mots sont-ils compatibles ? Y penses-tu ? Anticipes-tu cet éventuel
avenir ?
Oui… compatibles pour
certains, sans aucun doute. Pour ce qui me concerne, I don’t even think
about it ! C’est de l’ordre de la fiction pure – de la science fiction
même. Et puis, dans les moments de doute ou de cafard, j’aime bien me répéter
cette petite phrase : (…) l’écriture est ce qu’il y a de meilleur dans
l’écriture1. …
Ou encore cette autre, d’Anne-Marie Garat : (…) Ecrire est un rapt, non un état ou un
métier.
3- Combien de temps, de
tentatives, de refus, avant de décrocher un contrat à compte d'éditeur ?
Combien de temps, de tentatives,
de refus, jusqu'à aujourd'hui, pour parvenir à décrocher un contrat à compte
d'éditeur?
M’étant frottée
pendant des années aux concours de nouvelles, je n’ai jusqu’à présent pas
essayé « à tous prix » d’être publiée. Lors du festival Vaison Polar,
en avril 2013, j’ai rencontré Marc Villard qui m’avait parlé de la collection
Polaroïd qu’il dirige aux éditions In8. Quelques mois plus tard, je lui ai
envoyé une premier novella mais il y avait beaucoup de choses à reprendre, le
texte était loin d’être abouti… Et j’ai un peu baissé les bras.
Un an plus tard, je
me suis remise au travail et lui ai soumis cet été une deuxième novella…
laquelle – sauf contrordre, tempête ou cas de force majeure ! – devrait
être publiée chez In8 au printemps 2016. (Alléluia !)
4- Pourquoi as-tu commencé à
écrire ? Pourquoi continues-tu ?
Pour trouver le mot juste. Pour évacuer la
vapeur de la cocotte minute.
5- Que penses-tu de la place de
l'auteur dans le monde du livre et de l'édition ?
A la fois prestigieuse du point de vue du
symbole et de l’image… et précaire, malmenée, quand on songe qu’un auteur –
d’après ce que je sais – ne touche que 10 % de droits d’auteur.
6- Comment serait l'éditeur de
tes rêves ? Quelles qualités essentielles devrait-il posséder ?
J’imagine une relation dans laquelle ledit
éditeur serait capable de faire des retours « techniques » sur un
texte – là, ça fonctionne, là ça fonctionne moins – de repérer des
« tics » de style, des éléments à améliorer dans la construction du
récit… Toutes choses qui se concluraient par un tonitruant : « C’est
formidable, je t’édite ! »
7- Que penses-tu du Trophée
Anonym'us ?
Le plus grand bien… ça a un petit côté excitant
de se frotter à de « gros poissons » de l’écriture.
LES QUESTIONS DE MADAME
LOULOUTE.
1- Ton dernier livre, c'est
plutôt : Une intrigue aux petits oignons ? Des personnages croqués
avec gourmandise ? Une alchimie de saveurs ?
Dans la novella que
je viens d’écrire, ce qui m’a le plus amusée c’est de croquer les personnages
et pour ce qui est de l’alchimie, je parlerais plutôt de « petite
musique ». J’aime quand ça sonne bien, et juste – à mon oreille tout au
moins.
[En tant que
lectrice, j’ai dernièrement beaucoup aimé Le bruit des autres d’Amy
Grace Loyd où une – jeune - veuve new-yorkaise, propriétaire d’un immeuble à
Brooklyn, se prend de fascination pour une de ses locataires. J’adore les
passages où elle se glisse dans l’appartement – et l’intimité – de ses
locataires – et les descriptions « gourmandes » de l’architecture new
yorkaise.
Dernier livre
« dévoré » : Un vent de cendres de Sandrine Collette.
Belle qualité d’écriture, ambiance soignée et récit qui vous fait frémir et
vous mène par le bout du nez.]
2- Tu nous conseilles de le
lire : Sur un canapé au coin du feu ? À l'ombre d'un parasol ?
Dans le bruit et la fureur d'une ville surpeuplée ?
A lire impérativement
sur un canapé au coin du feu – un poêle nourri aux granulés peut également
faire l’affaire. Dans le pire des cas, un radiateur bien chaud, c’est pas mal
non plus.
3- Ce livre, c'est plutôt :
Divertir le lecteur ? Le faire frissonner d'angoisse ? Inviter à la
réflexion ? Apporter un témoignage ?
Pour moi écrire,
c’est – d’avantage que le divertir – surprendre le lecteur, l’amener là où il
ne s’y attendait peut-être pas. L’amuser, l’exciter, l’amener à sourire ou lui
faire un peu peur – et plus si affinités.
En tant que lectrice,
je suis avant tout sensible à la petite musique de l’auteur, à son style mais
frissonner d’angoisse, c’est évidemment délicieux !
4- Ton écriture : Elle est
comme Pénélope, qui fait, défait, et refait chaque phrase jusqu'à ce qu'elle
sonne juste ou bien un premier jet juste retouché pour enlever quelques
aspérités ?
Sans hésitation
aucune : Pénélope ! Enlever, remettre une virgule, chercher le mot
juste… Pour moi, c’est ce qu’il y a de meilleur dans l’écriture.
5- Ton roman, comme un voyage,
est-il : Un chemin au hasard qui t'emporte et t'oblige à t'adapter aux
obstacles imprévus qui le parsèment ? Un périple longuement planifié, aux
escales anticipées ? Un voyage « théoriquement » organisé, mais
qui ne se déroule jamais comme prévu ?
La novella que j’ai écrite a été construite
selon une trame relativement précise – histoire d’avoir des points de repère,
de ne pas me perdre en route et, surtout, d’être sûre d’arriver au but. J’ai
entendu récemment que Stephen King, quand il écrivait un roman, avait tendance
à se laisser « porter », sans connaître à l’avance les péripéties de
son récit. Procéder de la sorte doit avoir un côté très excitant.
6- Si celui-ci était une
boisson, ce serait laquelle ?
Un vin rouge, long en bouche, qui
enivre doucement sans qu’on y prenne garde - un vin du Mas Amiel par exemple,
exploitation située à Maury, dans les Pyrénées Orientales où il est de coutume
de laisser certains vins reposer dans des jarres en verre – et en plein cagnard
- pendant des jours.
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1 Alain
André, Devenir
écrivain (un peu, beaucoup, passionnément.)
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