mercredi 5 décembre 2018

L'interview de la semaine : Eric Dupuis


Cette année, ce sont les auteurs eux-mêmes qui ont concocté les questions de l’interview, celles qui leur trottent dans la tête, celles qu’on ne leur pose jamais, ou tout simplement celles qu’ils aimeraient poser aux autres auteurs.



Aujourd’hui l’interview de Eric Dupuis






1. Certains auteurs du noir et du Polar ont parfois des comportements borderline en salon. Faites-vous partie de ceux qui endossent le rôle de leurs héros ou protagonistes pendant l'écriture, histoire d'être le plus réaliste possible ?
Bande de psychopathes !
Je reconnais que parfois, de manière à ressentir ce que pourrait ressentir mes personnages, face à un évènement ou à un lieu particulier, je me projette dans la situation dans laquelle je le plonge. Comment réagir à sa place, à cet instant précis ? Quel choix s’offre à lui ? Quelle est la meilleure attitude à adopter ? … Plusieurs questions auxquelles j’essaie de répondre en analysant le contexte et les différents paramètres en présence, pour être le plus crédible possible.
2. Douglas Adams est promoteur de 42 comme réponse à la vie, l’univers et le reste. Et vous quelle est votre réponse définitive ?
Aucune idée. Mais je compte bien y remédier. J’enregistre les données immédiatement dans mon PC, toutefois, il faudra patienter environ 7,5 millions d’années pour obtenir une réponse…
3. Y a-t-il un personnage que vous avez découvert au cours de votre vie de lecteur et avec lequel vous auriez aimé passer une soirée ?
Phileas Fogg. Ce personnage m’a fait rêver étant gosse. Faire le tour du monde tout en réalisant une performance, tous les ingrédients d’une superbe aventure. Je passerais une agréable soirée à l’écouter me narrer ses exploits.
4. Si tu devais avoir un super pouvoir ce serait lequel et pourquoi?
Sans hésiter, celui de Bruce Willis dans « Indestructible ». Pouvoir agir et défendre les opprimés et toutes victimes potentielles sans craindre d’être blessé… le pied !
5. Est-ce que tu continuerais à écrire si tu n'avais plus aucun lecteur ? (même pas ta mère)
Ce serait terrible… mais oui ! Je continuerais d’écrire, ne serait-ce que par passion et besoin. En espérant qu’un jour, quelqu’un me fera le plaisir d’ouvrir à nouveau un de mes romans. L’espoir fait vivre… avancer… et écrire !
6. Quel a été l'élément déclencheur de ton désir d'écrire ? Est-ce un lieu, une personne, un événement ou autre ?
Adolescent, l’écriture m’a permis d’exprimer ses sentiments à travers la poésie, à l’âge adulte, de relater la dure réalité de ma profession, puis plus tardivement, de participer à des projets télévisuels. Aujourd’hui, elle me sert d’exutoire. Un anti-stress absolu en complément du sport. Sans compter le plaisir d’échanger et de rencontrer des lecteurs(trices) ainsi que ses amis(es) auteurs lors de salons.
7. Est-ce que le carmin du sang de ses propres cicatrices déteint toujours un peu dans l'encre bleue de l'écriture ?
Oui, inévitablement. Nos blessures du passé ressortent toujours un jour ou l’autre au détour d’une histoire, d’un récit ou d’un lieu. Nos sentiments parfois tourmentés referont surface même inconsciemment. Quelle meilleure thérapie d’ailleurs que de les exprimer plutôt que de se morfondre ou de les garder enfouis au plus profond de son être… Et n’oublions pas qu’il est toujours plus facile d’écrire ce que nous avons vécu, ressenti ou subi… Une part de nous est toujours présente au travers de nos lignes, d’ailleurs nous nous mettons souvent à nu.
8. Penses tu qu'autant de livres seraient publiés si la signature était interdite ? Et toi, si comme pour le trophée Anonym'us, il fallait publier des livres sous couvert d'anonymat, en écrirais-tu ?
C’est évident qu’il y en aurait beaucoup moins. Tout auteur a besoin de retour et de reconnaissance vis-à-vis de son investissement. Nous sommes si souvent seuls lors de la conception de nos romans, qu’il est important de pouvoir partager. Etre anonyme sous-entend nous retirer cette étape qui consiste à répondre à la question cruciale : Notre bébé a-t-il été bien perçu ?
Le trophée Anonym’us est un challenge, un concours, un défi qu’on se lance. En toute humilité, au sein d’un groupe de copains auteurs. Rien de comparable. Je pense que pour progresser et avancer dans l’écriture, il faut se nourrir des critiques. Dans l’anonymat, ce serait compliqué…
9. Pourquoi avoir choisi le noir dans un monde déjà pas rose ?
Etant fortement influencé (voire inspiré) par mon environnement professionnel pour mes écrits, le noir s’est imposé à moi naturellement. Certains ont essayé de me faire écrire des histoires humoristiques, mais la noirceur des âmes que je côtoie au quotidien ainsi que les quartiers à risques dans lesquels je baigne depuis longtemps, ne m’incitent pas vraiment à rire…
10. Quelles sont pour toi les conditions optimales pour écrire ?
Le calme avant tout. Mes idées affluent en règle générale entre 22h00 et 01h00 du matin. C’est le début d’une insomnie caractérisée. Je les enregistre dans un coin de ma tête en les répétant au maximum. Et au petit matin, je m’empresse de les noter. Ensuite, l’écriture proprement dite se réalise dès que j’ai un moment dans la journée (parfois ils sont rares mais aucune pression, il faut que ça reste un plaisir).
11. si vous deviez être ami avec un personnage de roman, lequel serait-ce?
Sherlock Holmes. Essayer de comprendre son cheminement atypique jusqu’aux résolution d’enquêtes en fonction des preuves établies, tout étant au cœur de l’action, tel le Docteur Watson, m’aurait passionné.
12. Quel est ton taux de déchet (nombre de mots finalement gardés / nombre de mots écrits au total ) ? Si tu pouvais avoir accès aux brouillons/travaux préparatoires d’une œuvre, laquelle serait-ce ?
Aucune idée. Sans doute aux alentours de 25 % si je prends en compte mes écrits papiers, mes premières lignes, jusqu’aux ratures, transformations, remaniement et corrections finales.
Quant à l’œuvre, même si j’ai rencontré quelques difficultés à la lire, je choisirais « 22/11/63 » de Stephen King, pour m’imprégner de sa méthodologie concernant le facteur « Temps ».

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