samedi 19 septembre 2015

L'interview d'un auteur : Niko Tackian


LES QUESTIONS DU BOSS... 

- Es-tu écrivain, romancier, auteur ? Vois-tu une nuance entre ces termes ? Qu'est-ce que ces mots représentent, pour toi ?

Je suis auteur lorsque j'écris des romans car je suis le seul maître à bord. Par contre dans mon activité de scénariste je suis un artisan. Je m'inscris dans une longue chaîne de production dont je suis, certes, le premier maillon, mais pas le seul ! Écrire des scenarii c'est accepter de mettre de côté son ego « d'auteur », et faire des concessions. Romancier c'est autre chose, c'est justement exprimer son univers et ses convictions autour d'une histoire sans le filtre de collaborations successives. C'est un peu le rêve lorsqu'on aime raconter des histoires.


- Ecrivain/Carrière. Ces deux mots sont-ils compatibles ? Y penses-tu ? Anticipes-tu cet éventuel avenir

J'ai toujours écrit et travaillé en écriture avec le désir d'être lu ou « vu » dans le cas de scenarii de fictions. En fait, je trouve que c'est naturel de vouloir rencontrer son public, avoir du succès donc faire une carrière. Cela fait une quinzaine d'années que je vis de mon métier et sans un minimum de stratégie cela ne serait pas la cas. Et puis j'ai du mal avec la tradition bien franco française qui veut qu'on tire à boulets rouges sur les gens qui ont du succès. Quand il arrive, il faut savoir l’accueillir et, plus dur, garder la tête froide pour continuer...


- Combien de temps, de tentatives, de refus, avant de décrocher un contrat à compte d'éditeur ?

Et bien pour moi ce fût une seule tentative. Mais mon cas est un peu particulier car avant de passer au roman j'avais derrière moi 40 album de BD publiés et une bonne vingtaine de films en tant que scénariste. Donc forcément, lorsque j'ai proposé mon projet, l'éditeur m'a écouté d'une oreille un peu plus attentive que pour un débutant complet. Finalement, le plus long a été de m'auto convaincre que j'étais prêt à passer au roman !


- Pourquoi as-tu commencé à écrire ? Pourquoi continues-tu ?

Question fondamentale à laquelle j'ai répondu très tôt et dont la réponse constitue mon seul moteur. J'aime raconter des histoires, je suis un conteur depuis tout petit. J'ai commencé très jeune, dans les six ou sept ans, par des BD que je dessinais sous forme d'histoires d'une dizaine de pages. Ensuite, je suis tombé dans l'univers des jeux de rôles et cela m'a forcé a construire mes univers, mes background de personnages et les soumettre aux autres.
Depuis tout ce temps mon réservoir d'histoires ne s'est jamais tari. Il faut dire que je passe pas mal de temps à l'alimenter ! Et puis il y a eu la rencontre et la collaboration avec Franck Thilliez qui, un jour de pluie, m'a dit avec toute la simplicité qui le caractérise : « je ne pige pas pourquoi tu n'écris pas des romans ». Cette simple remarque a mis une année à faire son chemin et j'ai écris mon premier roman (Quelque part avant l'enfer) en quatre mois. A partir de là, j'étais accroc à cette liberté totale d'écriture et le second est tombé dans la foulée...


- Que penses-tu de la place de l'auteur dans le monde du livre et de l'édition ?

Je pense qu'il est, comme partout ailleurs, soumis aux flux et reflux des contingences économiques. Mais l'auteur de livres a une force que d'autres milieux créatifs n'ont pas : écrire et publier un livre reste relativement peu onéreux et permet l’émergence de grands talents. Ce n'est que peu le cas au cinéma par exemple. Un film coûte tellement cher a produire que potentiellement, des générations de scénaristes et de réalisateurs talentueux n'auront jamais l'occasion de s'exprimer. En roman, l'auteur, seul face à son ordinateur, peut faire la différence. Mon expérience de nombreux univers d'écriture (BD, télé, cinéma, jeux vidéo et maintenant roman) m'a prouvé qu'un bon texte trouve toujours sa voie …


- Comment serait l'éditeur de tes rêves ? Quelles qualités essentielles devrait-il posséder ?

Ce serait un vrai partenaire, comme mon agent. Quelqu'un qui désire, au-delà de la rentabilité immédiate, permettre l'émergence d'un auteur sur le marché, puis l'accompagner. Les qualités seraient donc l'écoute, le respect et la sincérité.


- Que penses-tu du Trophée Anonym'us ?


C'est Ian Manook qui m'a fait découvrir ce trophée et j'ai tout de suite été séduit par la double démarche de publier des nouvelles « anonymes » en mélangeant des auteurs publiés et non publiés. Et puis c'était pour moi l'occasion de me frotter à ce format d'écriture et j'ai réellement adoré !

LES QUESTIONS DE MADAME LOULOUTE... 

- Ton dernier livre, c'est plutôt : Une intrigue aux petits oignons ? Des personnages croqués avec gourmandise ? Une alchimie de saveurs ?

Une dinde aux marrons. Le tout étant de savoir qui est la dinde, et qui se prendra les marrons !


- Tu nous conseilles de le lire : Sur un canapé au coin du feu ? À l'ombre d'un parasol ? Dans le bruit et la fureur d'une ville surpeuplée ?


Dans une pièce obscure, par une nuit sans lune avec comme musique d'ambiance le son du vent contre le carreau de la fenêtre.



- Ce livre, c'est plutôt : Divertir le lecteur ? Le faire frissonner d'angoisse ? Inviter à la réflexion ? Apporter un témoignage ?


Le faire frissonner d'angoisse tout en l'invitant à la réflexion.


- ­ Ton écriture : Elle est comme Pénélope, qui fait, défait, et refait chaque phrase jusqu'à ce qu'elle sonne juste ou bien un premier jet juste retouché pour enlever quelques aspérités ?

Simplicité et efficacité. Voilà ce que j'ai en tête lorsque j'écris.


- ­ Ton roman, comme un voyage, est-­il : Un chemin au hasard qui t'emporte et t'oblige à t'adapter aux obstacles imprévus qui le parsèment ? Un périple longuement planifié, aux escales anticipées ? Un voyage « théoriquement » organisé, mais qui ne se déroule jamais comme prévu ?


C'est un voyage qui me surprend toujours plus souvent que prévu.


- ­ Si celui-­ci était une boisson, ce serait laquelle ?

Un vin doux avec l'amertume d'une amande.

2 commentaires:

merci némascope a dit…

Ah, une pointure (le seul que je connais pour l'instant, du fait de mon côté bédéphile, d'ailleurs il m'a piqué un titre pour une BD...)
Maintenant, reste à voir s'il écrit aussi bien ses nouvelles que ses BD. Le piège serait d'aller un peu fort dans l'ellipse (passé scénar oblige), je parle en connaissance de cause

Carole a dit…

Son écriture est immersive et efficace... une dinde aux marrons peut-être (!!) mais qui file les jetons !! J'en ai parlé aussi son mon blog... je crois qu'on est déjà nombreux à attendre son 2è roman !