Cette
année, ce sont les auteurs eux-mêmes qui ont concocté les
questions de l’interview, celles qui leur trottent dans la tête,
celles qu’on ne leur pose jamais, ou tout simplement celles qu’ils
aimeraient poser aux autres auteurs.
Aujourd’hui
l’interview de Simon François
1.
Certains auteurs du noir et du Polar ont parfois des comportements
borderline en salon. Faites-vous partie de ceux qui endossent le rôle
de leurs héros ou protagonistes pendant l'écriture, histoire d'être
le plus réaliste possible ?
Bande
de psychopathes !
Je
n’ai jamais eu l’occasion de participer à un salon en tant
qu’auteur, mais je ne pense pas que ça me ferait péter les
plombs ! Enfin, j’espère...
Pour
ce qui est de mes personnages, je me glisse dans leur tête
uniquement quand j’écris les dialogues. Quant au reste, leurs
histoires personnelles, leurs façons de se mouvoir ou d’agir, je
me contente de les regarder vivre. Je les mets dans le décor que
j’ai créé, les observe en train d’interagir avec. Quand tout ça
m’apparaît clairement, j’écris la scène.
2.
Douglas Adams est promoteur de 42 comme réponse à la vie, l’univers
et le reste. Et vous quelle est votre réponse définitive ?
Mon
ordinateur portable me souffle le chiffre 23. Mais bon, pour ce
que j’accorde comme crédit aux machines.
3.
Y a-t-il un personnage que vous avez découvert au cours de votre
vie de lecteur et avec lequel vous auriez aimé passer une soirée ?
Il
y en a beaucoup ! Je rêverais d’aller pêcher la truite avec le
vieux Sunderson, de Jim Harrison, ou encore de parler psychanalyse
avec Alexander Portnoy. Mais puisqu’on parle de Noir, j’irais
volontiers boire une Suze avec Burma, à la terrasse d’un café du
IIème. Quelle classe, ce type. Même si je l’ai découvert sous
les traits de Guy Marchand, quand j’étais en primaire.
4.
Si tu devais avoir un super pouvoir ce serait lequel et pourquoi?
Me
transformer en super sayan. Pour les cheveux jaunes qui brillent,
pour voler comme un avion et exploser des planètes.
5.
Est-ce que tu continuerais à écrire si tu n'avais plus aucun
lecteur ? (même pas ta mère)
Le
lecteur est indissociable du livre. Pour moi, il le complète par
l’investissement personnel qu’il engage dans sa lecture. D’une
manière où d’une autre, je pense à lui quand j’écris, même
si ce lui est, dans un premier temps, mon moi lecteur. Très clair,
n’est-ce pas ? Bon, la réponse est non !
6.
Quel a été l'élément déclencheur de ton désir d'écrire ?
Est-ce un lieu, une personne, un événement ou autre ?
J’ai
commencé à écrire des histoires quand j’étais tout gamin. Des
chansons, aussi. Mais la première envie d’écrire de la
littérature, une nouvelle en l’occurrence, je la dois à la ville
de Meknès, au Maroc. Son atmosphère, sa musique, son aura. Je ne
sais pas pourquoi, mais c’est là-bas que j’ai eu le déclic.
7.
Est-ce que le carmin du sang de ses propres cicatrices déteint
toujours un peu dans l'encre bleue de l'écriture ?
Absolument.
Le sang se mélange à l’encre d’une manière ou d’une autre.
Mais j’évite, dans la mesure du possible, que mon bouquin ait une
gueule de transfusion.
8.
Penses tu qu'autant de livres seraient publiés si la signature était
interdite ? Et toi, si comme pour le trophée Anonym'us, il fallait
publier des livres sous couvert d'anonymat, en écrirais-tu ?
Je
ne pense pas que l’anonymat favoriserait la création littéraire.
Loin de là. Beaucoup trop d’ego en jeu. Par contre, je pourrais
tout à fait publier sous un pseudonyme. Je trouve ça assez cool
d’être lu de façon anonyme, tout en étant seul à connaître la
vérité. Après, je mettrais sûrement dans la confidence une ou
deux personnes de mon entourage proche. Pour me flatter un peu, quand
même.
9.
Pourquoi avoir choisi le noir dans un monde déjà pas rose ?
Je
suis passionné du roman noir, du film noir aussi, depuis tout gosse.
Je pense que tout ça est directement lié à mon histoire
personnelle. J’ai toujours vu le monde avec les lunettes du They
Live de John Carpenter. ça
ne m’empêche pas pour autant de lire beaucoup d’autres genres,
mais quand il s’agit d’écrire, je m'oriente naturellement dans
cette voie.
10.
Quelles sont pour toi les conditions optimales pour écrire ?
Du
café, du temps et du calme. L’inspiration, éventuellement !
11.
si vous deviez être ami avec un personnage de roman, lequel
serait-ce?
Le
protagoniste des livres de Dany Laferrière. La plupart de ses romans
sont très autobiographiques, alors je me dis que quand je serai
nommé académicien, j’aimerais bien être assis à côté de lui !
Plus sérieusement, je trouve son personnage vraiment touchant, et
certains de ses livres m'ont beaucoup apportés en tant qu'écrivain,
je crois.
12.
Quel est ton taux de déchet (nombre de mots finalement gardés /
nombre de mots écrits au total ) ? Si tu pouvais avoir accès aux
brouillons/travaux préparatoires d’une œuvre, laquelle serait-ce
?
Je
n’ai aucune idée de mon taux de déchets, mais j’imagine qu’il
est assez élevé. Sur mon premier roman, j’ai passé beaucoup de
temps à corriger, enlever, remplacer. Je suis incapable de
quantifier tout ça.
Pour
ce qui est des brouillons, travaux préparatoires, je serais super
intéressé de voir ce que ça peut représenter sur une fresque
historique, genre Guerre et Paix. J'ai déjà lu des articles sur ce
sujet, ça me parait inconcevable de traiter et ordonner une telle
montagne d'informations en y ajoutant de la fiction.
Sinon
j’aime beaucoup aussi la narrative non-fiction, le travail
d’auteurs comme Adrien Bosc. Je serais assez curieux de me faire
une idée, en termes de recherches, du boulot que représentent des
œuvres comme les siennes.
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